En Bretagne, la commune de Plouigneau, située à 10km de Morlaix et 15km de la mer, a elle aussi décidé de créer un hameau léger au lieu de construire un lotissement classique qui contribuerait à l’artificialisation des sols. L’objectif : transformer une vieille bâtisse historique en espaces communs, et ouvrir la voie à de nouvelles façons d’habiter le territoire à travers un bail emphytéotique de 99 ans.
En Bretagne, c’est une véritable petite révolution dans l’accès au logement qui est en train de s’opérer grâce à l’association Les Hameaux Légers. Après une dizaine de communes, c’est au tour de Plouigneau de se lancer dans la création d’un éco-hameau en collaboration avec l’association. Aujourd’hui, la commune lance son appel à projets pour en trouver les futurs habitants.
A l’origine du projet, la nouvelle équipe municipale de la commune élue en 2020. L’équipe précédente avait préempté un terrain de 4894m2 sur 2 parcelles. A l’entrée de la première parcelle se trouve « la maison Cohen », une grande maison d’habitation qui date des années 1910 et doit être rénovée à l’intérieur (suite à un dégât des eaux). La deuxième parcelle comporte de nombreux arbres.
« L’équipe précédente voulait raser la maison pour en faire un lotissement classique. Dès notre arrivée, on a réfuté cette idée-là car on voulait conserver ce patrimoine architectural et on cherchait une solution pour la garder au sein d’un projet d’habitat collectif » explique Roger Héré, premier adjoint de la commune de Plouigneau en mandat depuis le 26 mai 2020, pour La Relève et La Peste
En découvrant l’association Les Hameaux Légers à travers une visioconférence organisée par la communauté de communes de Morlaix Communautés et le cabinet d’études Villes vivantes, Roger Héré a tout de suite été convaincu par la pertinence du concept.
L’association Les Hameaux Légers accompagne les collectivités et les particuliers pour créer des éco-hameaux d’habitats “réversibles”, constitués de maisons à faible empreinte écologique qui n’imperméabilisent pas les sols. Une évidence pour Plouigneau alors que le gouvernement a promu le « Zéro Artificialisation Nette des Sols » d’ici 2050 à travers la loi Climat & Résilience.
« C’est nécessaire aujourd’hui de ne plus artificialiser des zones agricoles et naturelles mais de reconstruire sur ce qui existe déjà. Et arrêter de s’étaler constamment puisqu’on consomme l’équivalent de je ne sais combien de terrains de foot tous les jours. On a aussi une révolution agricole à opérer et on a besoin de terres en bonne santé pour le faire. Les hameaux existants sont dispersés à 5 et 6km de la centralité et il nous faut recentrer le bourg » détaille Roger Héré, premier adjoint de la commune de Plouigneau, pour La Relève et La Peste
Concrètement, le terrain communal de 4800m2 en centre-bourg sera aménagé et mis à disposition par un bail emphytéotique de 99 ans afin d’accueillir 7 habitats réversibles ainsi que des espaces communs (buanderie, cuisine partagée, salle commune, chambre d’amis selon les besoins des habitants) dans la « maison Cohen » dont la rénovation sera financée et assurée par la municipalité dans le cadre d’un chantier-école.
L’étude de faisabilité a été engagée et validée le 16 mars 2023 malgré quelques débats au sein de la municipalité. L’opposition, à travers l’ancienne équipe municipale, est un peu frileuse sur le projet car elle désire garder une certaine harmonie architecturale et aurait préféré un lotissement classique permettant de collecter plus de taxe foncière.
Afin de rendre le projet accessible financièrement, la commune prendra en charge les coûts d’aménagement (terrassement, réseaux, voirie) ainsi que la rénovation de la « Maison Cohen ». Le bail emphytéotique sera signé entre la commune et une association représentant les habitants.
Le loyer sera calculé de manière à amortir les investissements de la commune (après déduction des subventions) pour le projet sur une durée qui reste à définir en fonction de la durée de l’emprunt (probablement autour de 25 ans), de manière à ne pas impacter les finances communales. Il est estimé à ce stade autour de 150€ par mois et par foyer, avec une indexation sur la base de l’Indice de Référence des Loyers.
Une fois l’amortissement réalisé, le loyer diminuera aux alentours de 75€/foyer/mois, soit 6300€/an (sans compter l’indexation des loyers), pour prendre en compte le fait que les futurs habitants devront provisionner des sommes pour l’entretien du lieu (qui est à leur charge et non à celle de la commune).
Reste à charge des foyers le coût de la construction de leur habitat personnel dont ils seront propriétaires et pourront emporter en cas de structure transportable. Trois groupes lauréats seront invités à présenter leur projet pour choisir l’heureux élu. En Bretagne, alors que la tendance est au vieillissement de la population, l’idée est de faire souffler un vent de nouveauté parmi les 5300 habitants de Plouigneau.
« On est ouvert à la possibilité d’avoir un groupe d’habitants qui veut faire vivre son projet d’habitat en étant ouvert sur l’extérieur et dynamique au sein de la commune. C’est pour cela qu’on souhaite proposer aux jeunes couples des habitats en accord avec leurs valeurs, avec un idéal pour un ensemble diversifié de tranches d’âge. Chaque métier ou sensibilité est bienvenu, nous sommes par exemple ouverts aux jardins partagés » précise Roger Héré, premier adjoint de la commune de Plouigneau, pour La Relève et La Peste
La population locale actuelle a déjà pu participer à des ateliers citoyens leur permettant d’avoir des réponses à leurs interrogations sur ce futur projet, dans une « curiosité bienveillante » sourit l’élu qui estime que la construction d’un hameau léger est « l’occasion de concrétiser le vivre ensemble que l’on prônait dans notre programme ».
Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 9 octobre aux groupes constitués d’au moins 3 foyers. Pour faciliter les rencontres et la création de groupes, l’association Hameaux Légers organise également un weekend de rencontres à Plouigneau les 1 et 2 juillet 2023.
Les groupes seront ensuite accompagnés par l’association pour monter leurs projets. Deux visio-conférences de présentation et d’échanges autour du projet sont également organisées les 23 mai et 14 juin.
Retrouver l’appel à projets ici.