Depuis lundi 25 juillet, les boutiques climatisées et chauffées doivent garder leurs portes fermées à Paris. L’arrêté à l’origine de cette interdiction expose les contrevenants à une amende de 150 euros. Les cafés et restaurants qui possèdent leurs propres terrasses extérieures ne sont pas concernés. Le dispositif devrait bientôt être généralisé à toutes les boutiques en France.
Des mesures similaires ont été prises à Bourg-en-Bresse, Lyon et Besançon depuis mi-juillet. La maire de Paris a annoncé que cette décision était liée au contexte d’urgence climatique et de crise d’énergie.
Dan Lert, l’adjoint chargé de la transition écologique, a annoncé sur Twitter vouloir mettre un terme à un usage aberrant de la climatisation, et se dit scandalisé face à l’irresponsabilité des commerces climatisés. Il commente également auprès de France 3 Régions :
« C’est du gaspillage énergétique phénoménal. Et en plus, la climatisation a un impact environnemental majeur. Pour refroidir l’air intérieur, on réchauffe l’air extérieur, en pleine période caniculaire. »
Du côté des commerçants, le dispositif est plutôt bien accepté. Brice Leon, responsable d’une boutique de chaussures, estime :
« C’est plutôt bien de s’habituer à vivre sans la clim. A l’avenir, j’espère qu’on vivra sans, à part peut-être dans des espaces limités, pour les personnes âgées notamment. Il y a quand même des endroits où il faut la clim. »
Les actions pour la sobriété énergétique, surtout face à l’explosion de l’utilisation de la climatisation, sont particulièrement importantes dans le contexte actuel. Actuellement, les climatiseurs et ventilateurs sont à l’origine de 10 % de la demande mondiale en électricité, selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie. Plusieurs experts estiment que la demande pourrait exploser dans les prochaines décennies.
Or, la climatisation aggrave un peu plus le bouleversement du climat. Elle rejette des gaz très polluants comme les hydrofluorocarbures qui, selon une étude de l’Ademe, ont un pouvoir de réchauffement global de l’atmosphère sur 100 ans 2038 fois supérieur à la même quantité de CO2.
D’après une étude menée en Arizona, la chaleur rejetée par les climatiseurs empire l’effet d’îlot de chaleur et augmente la température dans les villes d’environ 1 °C. La climatisation nécessite également de vastes quantités d’énergie.
Selon une enquête d’EDF Recherche et développement, les systèmes de climatisation ont des consommations moyennes de 460 kWh/an pour ceux qui sont fixes, et le double pour ceux qui sont mobiles. Ces chiffres correspondent à 1 à 2 mois de consommation d’électricité moyenne d’un ménage français.
La mesure s’inscrit dans une stratégie énergétique globale du gouvernement qui vise à baisser notre consommation d’énergie de 10 % d’ici 2024. De fait, la réduction de consommation devrait avant tout concerner les acteurs les plus énergivores tels que l’État et les grandes entreprises. Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique, a annoncé sur Twitter :
« Les Français ne peuvent légitimement accepter qu’on leur demande de faire des efforts si les grands acteurs n’en font pas. », ajoutant que tout le monde doit faire sa part.
La ministre a également annoncé qu’un décret sera pris dans les prochains jours afin de généraliser l’interdiction des publicités lumineuses entre 1h et 6h du matin, quelle que soit la taille de la ville, à l’exception des gares et des aéroports. Actuellement, la règlementation interdit les publicités sur cet horaire dans les villes françaises de moins de 800 000 habitants, mais elle est peu respectée.
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A l’automne 2021, la fédération France Nature Environnement rendait compte de la présence de 1592 éclairages illégaux relevés dans 122 villes et villages. La ministre entend « harmoniser les règles ».
Dimanche 24 juillet, Agnès Pannier-Runacher a fait savoir que le texte de loi pour les boutiques climatisées et chauffées sera bientôt généralisé au niveau national, avec jusqu’à 750 euros d’amende en cas de non-application. L’accent sera toutefois mis dans un premier temps sur la prévention et non la sanction des commerçants.