Au moment où l’écologie subit de nombreux reculs en France, le film documentaire « Le Vivant qui se défend » revient sur 10 années de luttes environnementales. Surtout, il fait le lien entre deux mondes qui s’ignorent parfois : le militantisme et le naturalisme. Le documentaire pose un constat : empêcher des projets destructeurs, c’est laisser aux autres animaux la place de vivre.
Vincent Verzat a promené sa casquette, affublée du logo de sa chaîne YouTube « Partager c’est Sympa », dans de nombreuses luttes environnementales. Dix ans durant, il est allé sur le terrain pour filmer des images des conflits écologiques les plus emblématiques de la dernière décennie : luttes forestières du plateau des Millevaches, A69, mégabassines du Poitou, Notre-Dame-des-Landes, etc.
A l’heure du bilan, et ragaillardi par un nouvel amour pour le naturalisme, il propose un film documentaire titré « Le VIVANT qui se défend », accessible en ligne gratuitement.
« Mon tournant dans l’animalier n’a pas été suivi par tout le monde », raconte Vincent Verzat pour La Relève et La Peste. « Pourtant, au fur et à mesure de mes pistages, de nombreuses observations ont changé mon regard sur les animaux sauvages et la destruction de leurs habitats. Je voulais montrer ce lien dans le film, et rendre hommage à tous les gens courageux que j’ai rencontré dans les luttes. »
Le résultat : 01h30 d’images où l’on revit la violence de Sainte-Soline, on s’émerveille devant une famille de renards, on apprend comment suivre la piste d’animaux sauvages, on écoute celles et ceux qui font front commun pour protéger leur bois préféré, on se réjouit de la puissance de régénération des castors sur les rivières, on frissonne pour les cerfs…

Toutes les machines utilisées pour le chantier de l’A69, entre Toulouse et Castres
Longtemps dans la posture masculine du « super-militant qui ne se laisse jamais abattre », c’est la rencontre avec un animal particulier qui a tout changé pour Vincent : le blaireau Petit Père.
« Il vivait près de chez moi. Je pouvais y aller tous les deux jours, comprendre ses habitudes, ses déplacements, j’avais vraiment un voisin auquel je m’intéressais plus que mes précédents voisins humains. En à peine trois ans, je me suis attaché à cet animal sans jamais le considérer comme un animal domestique, je n’ai jamais essayé de le caresser ou de l’apprivoiser, il ne m’a jamais vu, je me suis toujours fait discret », raconte-t-il à La Relève et La Peste.

Petit Père sort de sa tanière
Hélas, à son retour de la grande mobilisation à Sainte-Soline, il a appris le décès de Petit Père, percuté par une voiture. Un blaireau peut vivre plus de 25 ans à l’état sauvage. C’est là que Vincent a réalisé que « chaque année qu’on fait perdre aux promoteurs, ce sont probablement des milliers de vie animales qu’on épargne ».
« Si on ampute l’existence d’une espèce tous les 5 ans, on ampute aussi leur manière d’habiter le monde, de s’adapter. Inverser la tendance préserverait complètement ces espèces », partage Vincent Verzat.

Vincent et sa nièce Éline
Pour Anaïs, qui commence tout juste à s’intéresser à l’écologie, c’est justement d’apprendre que « 200 millions d’oiseaux sont écrasés chaque année en Europe » qui l’a profondément marqué. Elle a réalisé la façon dont les activités humaines dévastent les habitats des animaux, et tremblé pour les guêpiers d’Europe qui volaient devant les voitures.
C’est d’ailleurs le regard affûté d’Éline, la nièce de Vincent, qui nous rappelle du haut de ses huit ans que les enfants sont bien plus aptes que les adultes à porter un regard attentif sur l’environnement qui les entoure. Vincent, lui, souhaite que son film « redonne du sens et du souffle aux gens ».
A toutes celles et ceux qui sont engagés dans une lutte, il conseille de « mettre beaucoup d’énergie à être de bons amis, car on sait qu’une lutte prend en moyenne 8 ans à être gagnée, donc autant que ce soit une lutte joyeuse et conviviale ». Pour que les animaux puissent, eux aussi, avoir leur part de bonheur.
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