Du 26 juillet au 3 août, un Camp Climat d’ampleur nationale, organisé par Alternatiba et ANV-COP21, se tiendra à Nantes avec pour ambition de former les citoyens en vue des municipales de 2026. L’objectif : qu’ils puissent reprendre le pouvoir face à l’urgence climatique et sociale.
Les citoyens face aux municipales 2026
Cette édition 2025 attend plus de 600 personnes et propose plus de 180 sessions de formations, de tables-rondes et de conférences. L’événement mettra en avant les leviers dont disposent les citoyens pour faire entendre leur voix.
Former un contre-pouvoir citoyen en est un. Le plaidoyer local, comme les 32 mesures du Pacte pour la Transition, lancé à l’occasion des élections municipales de 2020 pour engager les candidats, en est un bon exemple. Des victoires ont été obtenues, « comme dans la communauté d’agglomérations Pays Basque qui propose depuis 2023 un menu végétarien tous les jours en cantine scolaire », rapporte Zoé Pélegry pour La Relève et La Peste.
« Les élus locaux et les maires ont entre leurs mains des compétences qui peuvent changer le quotidien des personnes, atténuer le dérèglement climatique et préparer l’adaptation des territoires. »
Un bilan réalisé à mi-mandat montre toutefois de grandes disparités d’une commune à l’autre. Il a conduit à la réalisation d’un « Petit Guide des lois que personne (ou presque) ne respecte et pourtant ce serait mieux ». Ce guide donne des idées de mobilisations autour de cinq thématiques, dont la qualité des produits dans la restauration collective publique et l’accès à l’eau.
« Nous avons la certitude que la mobilisation citoyenne peut arracher des victoires, mais à condition d’être très organisé, de discuter avec les élus sans jamais rompre le dialogue, de développer une expertise, d’articuler les modes d’actions et de montrer qu’on est nombreux », estime Zoé Pélegry.
Il est ainsi plus efficace de se concentrer sur un petit nombre de mesures et de faire en sorte qu’elles soient effectivement adoptées, plutôt que de se disperser.
En pleine polémique autour de la Loi Duplomb, les mesures portées pour les municipales de 2026 « vont s’articuler autour des questions d’alimentation, de soutien à l’agriculture locale et biologique, de l’accès à l’eau et de l’isolation des logements », liste Zoé Pélegry. « Mais ce sont aux collectifs d’identifier les mesures spécifiques à leur territoire. »
Des outils pour les listes citoyennes
Lors du Camp Climat, Laëtitia Hamot, maire de la commune de La Crèche, animera une formation sur les listes citoyennes et participatives. C’est par ce biais qu’elle a été élue en 2020.
« Un collectif citoyen s’était monté avec l’envie de faire de la politique différemment, autour de quatre piliers : la transition démocratique, la transition écologique, la transition solidaire et l’économie au service de la population », raconte-t-elle pour La Relève et La Peste.
Une fois le programme écrit, elle a été désignée tête de liste par le collectif. « Ce n’était pas plus prévu que ça », reconnaît celle qui vient du milieu associatif.
Les collectifs citoyens lancés lors des élections municipales de 2020 se sont structurés en un réseau, Actions Communes, soutenus par Fréquence Commune, une coopérative qui accompagne élus et habitants pour réinventer la démocratie locale.
« A travers ce réseau, les communes peuvent échanger sur leurs pratiques, qui sont très différentes d’une municipalité à l’autre », détaille la maire de La Crèche. Laëtitia Hamot souhaite déconstruire les idées préconçues en politique, notamment sur l’image du maire, trop souvent perçu comme une élite. « Je ne saurai jamais aussi bien qu’un collectif d’habitants », estime-t-elle.
C’est dans cet état d’esprit que divers projets ont été menés à La Crèche depuis 2020 : la mise en place d’un un écoquartier, d’une ferme maraîchère communale ou encore d’un cimetière naturel et paysager.
« Ces projets ont été co-construits avec les usagers par le biais de comités », note l’édile, qui aimerait que chacun se sente légitime à participer à la vie de la commune.
Cette question de la légitimité peut parfois être un frein à la constitution de listes participatives pour les élections municipales. Actions communes a ainsi élaboré un guide intitulé « La mairie est à vous », pour celles et ceux qui souhaitent mettre en place une liste pour 2026. Ce guide contient notamment une « boussole », « un outil intéressant pour se questionner sur son idéal démocratique et son projet politique ».
Laëtitia Hamot invite également à participer aux rencontres nationales des listes et des communes participatives d’Actions communes, qui se tiendront à Poitiers du 21 au 24 août, et à consulter le rapport de Fréquence commune sur les apprentissages des communes participatives 2020-2026, afin de s’inspirer de ce qui a déjà été fait.
Elle recommande aux citoyens souhaitant s’engager autour d’une liste à « travailler sur un socle de valeurs communes » pour dépasser les clivages éventuels. Un observatoire pourrait ainsi prendre la forme d’un comité citoyen veillant à « garantir que les grands engagements sont tenus tout au long du mandat ».
Se réunir en collectif pour faire émerger des solutions
Le fait de reprendre le pouvoir peut aussi passer par des résistances locales et des actions non violentes. La désobéissance civile peut prendre différentes formes, qui doivent être adaptées aux revendications et aux messages portés, comme l’occupation d’un terrain destiné à un projet écocide qui permet de visibiliser les enjeux et de mettre la pression aux élus.
La mobilisation menée par Alternatiba Grenoble et d’autres collectifs contre le projet de métro-câble, un funiculaire censé relier Fontaine à Saint-Martin-le-Vinoux, a de cette manière conduit à l’abandon du projet.
« L’enjeu principal pour nous est de former les citoyens, mais aussi de les motiver en montrant les victoires et en montrant que dès que l’on se réunit en collectif, on trouve des solutions », estime Zoé Pélegry.
« Notre message, c’est rassemblons-nous et parlons-nous. Mobilisons-nous partout, sur tous les territoires, pour résister à la montée des idées conservatrices et racistes et contre tous ces reculs sur nos droits. »
Alternatiba invite les citoyens à rejoindre les nombreux collectifs qui s’engagent pour les municipales, voire à en créer un quand ils font défaut.
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