Dimanche 3 juillet, plus de 500 personnes ont manifesté contre la destruction du bocage par l’extension des carrières de sable et du maraîchage industriel dans les environs de Saint-Colomban. Leur objectif : stopper le déploiement des industriels Lafarge et GSM sur ce terroir.
Accompagnée d’un convoi paysan de plus de 30 tracteurs, cette mobilisation était la plus grosse à ce jour pour dénoncer le lien entre l’extension des carrières de sable et les maraîchers industriels voisins. Cette manifestation répondait à l’appel du collectif la Tête dans le sable, du mouvement national des Soulèvements de la Terre et d’une trentaine d’autres organisations et syndicats.
Les deux carrières de sable (Lafarge et GSM) ont déjà extrait plus de 12 millions de tonnes, principalement destinées à l’industrie du BTP, « défigurant le paysage, anéantissant le bocage et affectant profondément les nappes phréatiques » dénonce les Soulèvements de la Terre. Les industriels souhaitent s’étendre dès 2022 sur 70 hectares supplémentaires. A terme, plusieurs centaines d’hectares seraient concernés.
« Moi je suis paysan, prêt à laisser des terres saines pour d’autres. On ne veut pas que le patrimoine agricole serve à l’agrandissement de carrières, car on va utiliser 30% ce sable pour le maraîchage industriel ! Ici, on confronte deux mondes agricoles : le monde paysan en diversifié et les maraîchers en agriculture industrielle. Pour nous, le maraîchage industrielle n’est pas de l’agriculture paysanne. » expliquait ainsi Martin Boileau, paysan et membre du collectif La Tête dans Le Sable, pour La Relève et La Peste
Malgré les nombreuses fouilles et la surveillance policière étroite, les manifestants se sont regroupés devant l’entrée de la carrière GSM et des tracteurs y ont déversé des bennes de légumes industriels « puants et pourris ». Ces légumes avaient été collecté sur un énorme tas de déchets et surplus du plus gros producteur de mâche et muguet d’Europe : l’industriel Vinet.
Jean-François Vinet est décrié dans la région pour ses nombreuses pratiques douteuses. Il a fait l’objet de plusieurs condamnations de justice.
D’abord, en 2017, pour « tromperie sur la marchandise », après avoir vendu (en 2014) 800 000 concombres hollandais à des grossistes, en prétendant qu’ils étaient d’origine française.
En 2019, il a été surpris en train d’émettre des rejets toxiques à cause de bois déchets inadaptés pour faire de l’énergie biomasse. Puis, en 2021, il a été condamné pour « destruction non autorisée d’une espèce animale protégée », après avoir arraché sans autorisation 430m de haies, en avril 2020, en pleine période de nidification. En juillet 2021, le tribunal administratif de Nantes a annulé l’arrêté qui avait autorisé les « serres géantes » du maraîcher industriel à détruire les habitats de deux espèces protégées.
Autre grief des citoyens à la mobilisation du 3 juillet contre l’industriel Vinet : l’accaparement de l’eau. Un groupe de manifestants a démonté une écluse qui détournait le ruisseau le Redour pour irriguer les cultures intensives du maraîcher industriel. Cette écluse avait déjà fait l’objet de mise en demeure de services de l’Etat car non-conforme sans, pour autant, être démontée par M. Vinet.
« Cette action visait à rendre l’eau au bocage mais aussi à dénoncer les conséquences critiques de l’implantation croissante de Vinet et de l’agro-industrie sur ce territoire : pollutions des nappes, destruction des haies et de leurs habitant.es et artificialisation des terres, accaparement de l’eau, exploitation de travailleurs étrangers dans des conditions indignes, implantation de méthaniseurs et de mini-centrales à gaz pour chauffer des serres avec des conséquences écologiques délétères. L’extension des carrières de sable est pour eux nécessaire…. Vinet et l’ensemble des champs sur lequel il se déploie est absolument emblématique du pire modèle agro-industriel et de ce à quoi il est urgent de faire obstacle. » expliquent les manifestants dans leur communiqué
Les locaux avaient été rejoints dans cette action par des membres de collectifs voisins : Bassines non merci, coordination anti-carrières du 44, collectifs anti-méthaniseurs mais aussi de déserteuses d’AgroParisTech, associations naturalistes ou d’élu.es locaux, dont une députée de Loire-Atlantique.
Prochain temps fort : en septembre, la demande de dérogation au SCOT, le schéma d’aménagement local censé protéger les terres agricoles, va être soumis au vote des élu.es du pays de Retz. Les citoyens comptent maintenir la pression pour empêcher l’autorisation de l’extension des carrières de sable.