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Ce dispositif de consigne a sauvé 1 million de bouteilles en un an

L’année 2023 fut une année symbolique puisque la barre des 1 million de bouteilles réemployées a été franchie et que les chiffres de production ont augmenté de 91%. En 2024, MBSR espère laver et réemployer 1,7 millions de bouteilles.

Grâce à des projets comme « Ma Bouteille s'appelle Reviens », initié par la société coopérative Locaverre dans la Drôme-Ardèche, la consigne pour les particuliers revient sur le devant de la scène. En 2023, Locaverre a permis d'éviter 550 tonnes de déchets verre représentant ainsi une économie de 532 tonnes équivalent carbone et 1080 m3 d'eau.

La consigne de verre

Le verre représente la part la plus importante du tonnage des emballages ménagers avec 49.6 % du poids total, soit plus de 2.3 millions de tonnes. D’après l’étude « Analyses des cycles de Vie » commanditée par l’ADEME, le verre consigné a un impact plus positif sur l’environnement par rapport à une bouteille recyclée puisqu’il permet d’économiser 33% d’eau, 79% de CO2 et 75% d’énergie.

« L’idée est née de l’initiative de brasseurs qui trouvaient dommage de produire et de vendre localement, mais de ne pas avoir de solution d’approvisionnement de leurs contenants » révèle Clémence, responsable du projet Ma Bouteille s’appelle Reviens (MBSP), pour La Relève et La Peste.

Techniquement, l’équipe de MBSP a étudié la faisabilité d’implantation d’une filière de lavage de contenants en verre en France, en s’inspirant du modèle Allemand et Suisse. Économiquement, elle a évalué les coûts de production pour savoir si le montant d’une bouteille lavée et consignée était égal ou inférieur au coût d’une bouteille neuve. C’est une fois ces aspects validés que l’entreprise coopérative Locaverre, formée par des producteurs et des distributeurs, voit le jour en 2017 et que l’unité de lavage a pu être installée en 2019 à Chabeuil.

L’objectif de ce projet est d’organiser un circuit de réemploi local pour la petite distribution. Concrètement, les contenants déposés par les consommateurs après usage dans les points de ventes sont collectés, pour être acheminés au centre de lavage afin de les redistribuer ensuite aux producteurs : brasseurs, producteurs de jus, viticulteurs, producteurs de lait etc.

« Les cinq centres de lavage sont opérationnels pour le quart sud-est de la France » continue Clémence.

Repenser nos modes de consommation face au jetable

L’enjeu actuel réside dans la création de nouveaux modèles et emballages avec une perspective de durabilité, pour répondre à la problématique de raréfaction des ressources, du changement climatique et des obligations de la France concernant la prévention des déchets.

Même si le contexte réglementaire n’est globalement pas favorable pour la consigne, de par l’absence de contrainte et de contrôle, des exigences de pourcentage d’emballages consignés ont été imposées. La loi AGEC prévoit la fin de la mise sur le marché des emballages en plastique à usage unique d’ici 2040. Pour y parvenir, des objectifs de réduction, de réutilisation, de réemploi et de recyclage sont fixés par décret et répartis progressivement sur quatre périodes. Prochain objectif à atteindre : 10 % des emballages réemployés mis sur le marché en France en 2027.

« En vue de l’évolution de la législation, ceux qui se mettent déjà au réemploi anticipent et prennent de l’avance par rapport aux concurrents » précise la cheffe de projet.

Circuit-court avec plus-value économique et sociale

« On participe à la diminution des déchets de la collectivité et des dépenses énergétiques liées au traitement du verre, ce qui réduit la taxe d’ordure ménagère des particuliers » ajoute Clémence.

En plus d’avoir un impact positif sur l’empreinte écologique du verre, le projet sensibilise les citoyens à la réduction des déchets. Et en tant que consommateur, soutenir la consigne induit également à soutenir les producteurs locaux et la distribution de circuit courts.

Pour les 80 producteurs partenaires à ce jour, s’engager dans la consigne leur permet de réaliser des économies, sécuriser les approvisionnements et anticiper la loi. Les bouteilles étiquetées par les magasins revendeurs de bouteilles font office d’un certificat de réemploi, accordé par MBSR.

« Soumis à des fluctuations de prix assez folles, certains producteurs ont eu du mal à embouteiller. Notre enjeu est donc de sécuriser les approvisionnements et les prix » continue la cheffe du projet.

Les 60 points de collecte actuels bénéficient d’une fidélisation des clients, une valorisation de leur engagement et un accès aux outils d’accompagnement et de communication, afin de poursuivre la transformation de la filière.

La consigne contribue également à redynamiser le tissu économique, à travers un projet d’insertion social et professionnel, en créant de l’emploi local non-délocalisable pour des personnes en parcours d’insertion.

La consigne auprès des moyennes et grandes entreprises

L’année 2023 fut une année symbolique puisque la barre des 1 million de bouteilles réemployées a été franchie et que les chiffres de production ont augmenté de 91%. En 2024, MBSR espère laver et réemployer 1,7 millions de bouteilles.

Aussi, pour atteindre une activité équilibrée, il est nécessaire d’avoir un grand volume de bouteilles consignées. Le nouveau centre de lavage ouvert en 2022, suite à la mutualisation entre Ma Bouteille s’appelle Reviens, Rebooteille et Alpes Consigne, permet d’aller plus loin dans la capacité de production et de s’adresser aux industriels, en répondant à l’exigence de leurs normes.

« En pleine phase d’expérimentation, on voit la collecte de bouteilles consignées en GMS se développer d’ici deux ou trois ans » livre Clémence.

Lobjectif repose également sur l’augmentation de points de collecte.

« L’idée serait que le consommateur puisse participer à la filière en ramenant n’importe quelle bouteille consignée, quel que soit l’endroit où il consomme. Au bout de X bouteilles, il obtiendrait une petite rétribution, comme un bon d’achat par exemple ».

En parallèle de l’industrialisation, la R&D de Ma Bouteille s’appelle Reviens se penche sur le déploiement des filières pour les huiles, les cosmétiques et les conserves en pots. « Ce qui nous fait vibrer au quotidien, c’est l’objectif de faire de plus en plus de produits divers et variés qui soient réemployables » termine Clémence.

Chloe Droulez

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