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A Rennes, un potager collectif étudiant veut lutter contre la précarité alimentaire

« L’idée du potager est de créer un lieu de production agricole, d’expression artistique, de rencontre entre étudiants, personnels et habitants. Mais aussi un lieu pédagogique pour que les gens se réapproprier les semences…un lieu de résistance politique. »

Sur le campus de l’université Rennes 2, un potager collaboratif a vu le jour, démontrant ainsi que faire pousser des légumes peut aussi être un acte politique. Dons de nourriture, lieu de rencontres et d’échange, l’ambition est écologique et solidaire pour ce lieu de vie permacole.

Il y a quelques mois, Maxime, ancien étudiant de Rennes 2, a rassemblé autour de lui un groupe d’amis pour reprendre en main le potager collaboratif de la fac, en friche depuis plusieurs années.

Ceux-ci ont commencé par récupérer palettes, baignoires et autres objets pouvant servir de pots, puis les ont peints en leur donnant un look de Barpapapa pour les rendre bien visibles. 

Construction de l’arche – Crédit : Potager Collectif de Rennes 2

Le projet a ensuite été présenté aux élus étudiants et a obtenu 5500€ de la part du Fond de Solidarité pour les Initiatives Etudiantes, permettant d’acheter des outils et d’aménager une cabane de jardin.

Ouvert à tous, le potager rassemble non seulement les étudiants, mais aussi des membres du personnel de la fac ainsi que des personnes extérieures. L’objectif est d’abord de produire gratuitement des légumes.

« Les plantes sont reproductibles à l’infini lorsqu’on a le savoir pour le faire », note Maxime.

Puisque la majeure partie de la récolte annuelle aura lieu l’été, période où les étudiants sont absents de la fac, les légumes seront distribués à des associations de distribution de nourriture.

L’Arche d’entrée du potager – Potager Collectif de Rennes 2

Le potager se veut aussi être un lieu pédagogique. Apprendre la technique de la permaculture bien sûr, comment s’adapter à l’environnement au lieu d’adapter l’environnement à ce qu’on veut créer. Faire des rotations de culture, associer les plantes, travailler le moins possible la terre…

Surtout, les cultures sont basées sur des semences paysannes. À la différence des semences industrielles, celles-ci sont uniquement autorisées pour les particuliers et interdites à la revente en France. Les agriculteurs professionnels sont forcés d’utiliser des semences comme celles de Monsanto, qui meurent l’année d’après.

Marqué par le travail les chercheurs Claude et Lydia Bourguignon, qui ont montré à quel point l’agriculture conventionnelle détruisait les sols, Maxime cherche à informer sur le scandale des semences industrielles. 

« On a affaire à une histoire très politique », souligne-t-il. « L’idée du potager est de créer un lieu de production agricole, d’expression artistique, de rencontre entre étudiants, personnels et habitants. Mais aussi un lieu pédagogique pour que les gens se réapproprier les semences…un lieu de résistance politique. »

D’autant plus que le problème de l’agriculture industrielle touche en profondeur la société française. Il est d’abord lié à la précarité alimentaire. 

« Ce sont les pauvres qui sont clients de la malbouffe. » remarque Maxime, « les tomates bio, ce ne sont pas les étudiants qui les achètent ».

Préparation des zones de culture – Crédit : Potager Collectif de Rennes 2

Il est aussi lié à la qualité de la nourriture, amoindrie par les actions des lobbies.

« En France on pourrait produire beaucoup de pommes, mais on trouve surtout la Golden. Alors que c’est celle qui a besoin d’un maximum de pesticides ».

Enfin, à long terme, Maxime rêve de voir des noyaux de biodiversité au sein de Rennes 2, qui deviendrait ainsi une ferme-fac.

« Mon objectif est de permettre aux gens de se nourrir et se soigner par les plantes. Aujourd’hui on est noyé dans un espace urbain, les fruits et légumes ont perdu de leur vitalité » explique-t-il.

« Si on veut faire avancer les choses il faut le faire au niveau local. 80% de la biodiversité agricole a disparu des champs en France à cause des monocultures, des pesticides et du labour. On continue à utiliser ce genre d’agriculture conventionnelle, mais d’ici quelques décennies on ne pourra peut-être même plus produire de légumes en France. Il faut commencer à agir maintenant, et d’une manière radicale. En ville il y a plein d’espaces où on pourrait implanter des cultures, des légumes, des plantes médicinales à la portée de tout le monde ».

Une belle initiative à laquelle on souhaite du succès.

Marine Wolf

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