L’association Sauvage Méditerranée, qui depuis cinq ans trouve des moyens de donner de la valeur aux déchets ramassés dans la nature, vient de créer une nouvelle monnaie d’échange. Distribuée contre des déchets, elle s’utilise dans des commerces partenaires à Marseille.
De la monnaie Sauvage contre des déchets
Fondée en 2019, Sauvage Méditerranée est une association hébergeant un atelier participatif qui repose sur le recyclage des déchets sauvages abandonnés dans la nature – à hauteur d’une tonne par an – et récupérés auprès d’une trentaine d’associations de Montpellier à Menton en passant par la Corse. Toutes organisent des ramassages de déchets ou sensibilisent au principe du zéro déchet. C’est au cœur de leur atelier situé à Aix-en-Provence que tout se passe.
« On développe des nouvelles manières de transformer les déchets sauvages grâce à un atelier laboratoire qui imagine une manière de recycler chaque déchet » livre Adrien Piquera, responsable communication de Sauvage Méditerranée pour La Relève et la Peste.
Un cadre R&D est en place avec des ingénieurs qui sont dédiés au projet d’étude de la recyclabilité des déchets pour donner de la valeur au fait de dépolluer la nature. Après les avoir nettoyés et broyés, l’équipe crée des objets de A à Z : décoration, bijoux, œuvres d’art ou encore trophées, dans le but de les vendre et participer au financement des associations qui se bougent. Depuis sa création, Sauvage Méditerranée a redistribué plus de 20 000 euros à des associations environnementales grâce au versement partiel des bénéfices des ventes de produits en plastiques recyclés.
C’est suite à l’appel d’offres du festival So Good Marseille que l’association se lance dans le projet de développement d’un paiement en déchet, avec cette idée de consommation responsable par l’action environnementale.
« C’est vraiment prendre le contre-pied d’un modèle qui exploite les ressources de la planète de manière infinie » affirme Adrien. Mais pour Sauvage, le paiement en déchet existait déjà depuis le début, incarné sous forme de troc. « Les gens pouvaient nous apporter des déchets et bénéficier entre 15 euros et 30 euros sur la boutique de Sauvage ».
Ce mode de paiement prend une tout autre tournure aujourd’hui à travers la monnaie sauvage. Confectionnée à partir de déchets abandonnés, elle a pour but d’indexer la valeur de la monnaie sur la préservation de l’environnement, la création des nouveaux comportements d’usage par un levier économique mobilisateur et la valorisation des circuits-courts.
Un cercle vertueux pour consommer local et dépolluer la nature
Grâce à Sauvage Méditerranée, participer au ramassage des déchets permet désormais de pouvoir consommer dans un commerce responsable et ainsi de favoriser l’économie locale. Lors d’un récent événement, 200 pièces ont été distribuées, soit l’équivalent de 200 kilos ramassés au cours d’une journée de nettoyage dans le quartier de Castellane à Marseille.
L’association réemploie les déchets sauvages déposés par les associations locales ou récoltés lors des événements de ramassage de déchets organisés par Clean My Calanque, Mer Veille, 1 déchet par jour, afin de démontrer que l’écologie est créatrice de valeur et d’emploi.
« On va distribuer de la monnaie lors d’événements associatifs pour progressivement s’y mettre et pouvoir un jour arriver à distribuer de la monnaie de manière continue » nous dit Adrien.
Pour mettre en place cette monnaie locale, l’association est allée rencontrer des commerçants locaux engagés afin d’établir un partenariat basé sur un donnant-donnant attractif.
« On a fait appel à des commerces qui ont une démarche responsable comme point commun : circuit court, zéro déchet, économie circulaire… » ajoute Adrien.
De l’atelier de réparation de vélos à une brasserie locale, en passant par des magasins zéro déchet et un restaurant solidaire, la liste compte à ce jour une dizaine de commerces ayant rejoint l’aventure. Côté consommateur, l’idée est de favoriser une reconnexion sociale avec les commerçants de son quartier et le gain d’un avantage dans celui-ci.
« On valorise une ressource humaine qui a de la valeur. C’est autant du lien social qu’environnemental » confirme Adrien.
Dépenser la monnaie sauvage a un double impact puisqu’elle génère un don de 5 euros, que Sauvage Méditerranée s’engage à reverser à une association de protection de l’environnement à chaque fois qu’une pièce est dépensée.
« Pour s’adapter à son panier moyen, la pièce n’est pas égale à 5 euros, elle est équivalente à un avantage choisi par le commerçant. On va multiplier les commerces partenaires pour arriver à 50 commerces d’ici la fin de l’année et commencer à s’exporter vers d’autres villes comme Montpellier, Toulon, Nice, Monaco et Menton » termine le responsable de Communication de Sauvage Méditerranée.
L’idée étant d’aller dans les villes où il existe déjà des associations partenaires et que tous les gens qui ramassent des déchets sur la Méditerranée puissent avoir des aides à consommer durables, pour créer un véritable cercle vertueux de bout en bout.