Après TotalEnergies, c’est au tour de LVMH de capituler. Face à la fronde des élèves et professeurs opposés au projet, LVMH renonce finalement à implanter son centre de recherche et développement en plein cœur du campus de Polytechnique. En novembre, le conseil d’administration de Polytechnique avait validé la vente d’un terrain voisin de l’école d’ingénieurs au groupe de luxe, provoquant la colère du collectif « Polytechnique n’est pas à vendre ».
Dans une lettre datée du 13 janvier 2023, Bernard Arnault a officiellement annoncé que son groupe renonce à s’implanter sur le campus de l’École polytechnique. Cette décision fait suite à six mois de mobilisation d’élèves, actuels et anciens, contre le projet.
En juin 2022, le géant français du luxe avait révélé sa volonté d’acheter un terrain de 35 000 m2 sur le campus de l’école d’ingénieurs pour y construire un centre dédié au « luxe durable et digital ». Cette annonce avait provoqué la colère d’une partie du corps enseignant et des élèves qui reprochaient à la multinationale une opération de greenwashing.
« Dans une France et une Europe en crise, menacées par les pénuries énergétiques et l’inflation, les défis oxymoriques du « luxe durable » mis en avant par le groupe de Bernard Arnault apparaissent bien dérisoires, voire indécents, face aux nécessités immédiates de la vaste majorité de la population » avaient-ils reproché via une tribune publiée dans LeMonde
Le collectif « Polytechnique n’est pas à vendre » et La Sphinx, association d’élèves et anciens élèves de Polytechnique, reprochaient également à la direction de Polytechnique d’avoir entamé des négociations avec LVMH dans la plus grande opacité. Ils dénonçaient la position exclusive accordée à LVMH sur le campus et demandaient que le bâtiment LVMH soit construit ailleurs.
LVMH a précisé à l’AFP que le groupe « continue le partenariat de recherche » évalué à 2 millions d’euros par an pendant 5 ans avec l’école d’ingénieurs, « mais s’oriente vers un terrain en dehors du plateau de Saclay pour l’installation de son centre de recherche ».
Baptisé LVMH Gaia, ce centre veut regrouper 300 chercheurs sur une surface de 22.500 m², pour un investissement de plus de 100 millions d’euros dans le futur bâtiment. L’association La Sphinx avait déposé deux recours contre ce projet devant le tribunal administratif de Versailles. L’annonce d’aujourd’hui est donc une nouvelle victoire, un an après le renoncement de Total sur un cas similaire contre lequel ils s’était battus durant deux ans.
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« Nous nous réjouissons de cette décision et tenons à remercier toutes les personnes qui se sont mobilisées à nos côtés. Un an après Total, le renoncement de LVMH entérine l’échec de la stratégie consistant à vendre à la découpe les terrains du campus à des grands groupes. Il est urgent de réfléchir collectivement à un autre avenir pour ces terrains », déclare Thomas Vezin, secrétaire général de l’association La Sphinx.
Dans une note, le collectif “Polytechnique n’est pas à vendre” propose ainsi quatre scénarios possibles pour l’usage futur des terrains. Dans toutes les options qu’ils envisagent, le foncier resterait propriété de l’État et son utilisation se ferait en lien avec la mission d’enseignement et de recherche de l’établissement.
Enfin, les associations précisent qu’elles restent vigilantes concernant les liens entre l’École polytechnique et ses entreprises partenaires, et rappellent que « l’établissement ne respecte toujours pas ses obligations légales de transparence à ce sujet ».
Crédit photo couv : Ecole polytechnique