Une dizaine de canons à neige de la Clusaz (Haute-Savoie) ont été dégradés dans la nuit du 6 au 7 janvier. Une plainte a été déposée auprès de la gendarmerie par la mairie. L’action fait suite à d’autres sabotages de la région entre décembre et janvier, après une série d’actions de ce genre en 2022. Le combat contre des acteurs importants du réchauffement climatique se déploie de plus en plus par le biais de dégradations, des actions coup de poing qui cherchent à montrer l’urgence de la situation.
Selon France Bleu, le système situé sous les canons à neige a été saboté en coupant des fils et en volant les transformateurs, rendant les enneigeurs hors d’usage. L’action a été revendiquée par des militants dans un courriel auprès de Reporterre. Ils souhaitent ainsi « interpeller sur l’état de certaines stations, telle que La Clusaz, ne vivant que grâce à la neige artificielle ».
Les militants rappellent également que face à l’immense mobilisation et l’installation d’une ZAD à La Clusaz, le tribunal administratif de Grenoble avait donné raison à la cause contre le projet de retenue collinaire, censé alimenter les canons à neige. Cependant, la mairie de La Clusaz et le ministère de la Transition écologique ont fait appel de la suspension des travaux.
C’est la deuxième station de Haute-Savoie visée en quelques semaines. Deux canons à neige du domaine skiable des Gets l’ont été aussi. Les câbles d’alimentation ont étés sectionnés et des tags ont étés inscrits en lettres rouges : « Pas de ski sans neige ». Les dégâts s’élèvent à plusieurs milliers d’euros.
Le 18 décembre, dans le Gard, un pylône de 225 volts a également été saboté. La ligne électrique alimentait le pôle chimico-industriel de Salindres, dont des usines de la firme Solvay, accusée d’avoir contaminé des populations riveraines avec des polluants éternels, ou le géant de la pétrochimie Arkema, initiateur d’une pollution aux perfluorés depuis 1960.
Les militants ont revendiqué leur action dans un communiqué auprès de Reporterre, expliquant avoir choisi ce type de sabotage car le site était « trop bien protégé » alors qu’il génère une pollution mettant en danger la santé des riverains.
Pour ces militants, il faut « s’attaquer aux entreprises qui empoisonnent la terre ».
La Haute-Savoie a accueilli la coupe du monde de ski du 15 au 18 décembre 2022. Avec le réchauffement climatique, la montagne manque de neige et les organisateurs ont dû faire venir 24 000 mètres cubes de neige artificielle afin d’assurer le biathlon. Selon l’association de protection de la montagne Mountain Wilderness, l’enneigement artificiel nécessite 4 000 m3 d’eau à l’hectare.
Face à l’urgence de la situation, les actions de sabotages se multiplient. Les services de renseignement ont répertorié 104 actions entre le 1er janvier et le 30 octobre 2022. Parmi celles-ci, le sabotage de golfs, de méga bassines, la dégradation de pylônes ou d’antennes relais, et des offensives contre des multinationales polluantes.
Crédit photo couv – Thomas Bullock