Le lundi 7 novembre, à la COP27 en Egypte, Emmanuel Macron a annoncé que la France soutiendrait l’interdiction de toute exploitation des fonds marins et la porterait dans les enceintes internationales. Si suivie d’actes, la décision pourrait être majeure pour la protection des fonds marins, menacés par le démarrage de l’exploitation minière à échelle industrielle en juillet 2023.
Il a déclaré à la tribune du sommet de l’ONU pour le climat : « Les océans doivent être ce qu’a été, au fond, l’espace, il y a quelques années : c’est une nouvelle frontière pour la coopération et le multilatéralisme. »
Selon un article de France Bleu, cette déclaration suit celle de juin, lorsqu’à la conférence des Nations unies pour les océans, le président avait défendu l’élaboration d’un « cadre légal pour mettre un coup d’arrêt à l’exploitation minière des fonds en haute mer et ne pas autoriser de nouvelles activités qui mettraient en danger les écosystèmes océaniques ».
Des engagements concrets avaient étés demandés à la suite du premier discours par Greenpeace, du fait d’autres actions allant à l’opposé de ces dires, comme la publication d’une « stratégie nationale pour l’exploration et l’exploitation des grands fonds » par le Premier ministre en 2021, l’abstention de la France au vote en faveur d’une résolution pour un moratoire au congrès de l’UICN à Marseille en septembre 2021, l’intégration de l’exploitation minière des océans dans la stratégie de relance 2030, ou encore son opposition à la demande de soutien de plus en plus large à un moratoire à l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM).
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Le 26 octobre, différentes associations dont Greenpeace et parlementaires français et européens ont soutenu la traduction de cette volonté par l’engagement de la France en faveur d’un moratoire de dix ans au moins sur l’exploitation des fonds marins.
Nicolas Thierry, élu écologiste de Gironde, a déposé à l’Assemblée Nationale le lundi 7 novembre une résolution en ce sens qui a été cosignée par 168 députés. L’appel a été lancé à la veille de la réunion du Conseil de l’AIFM, qui se tient du 31 octobre au 11 novembre, à Kingston, en Jamaïque.
Si les mots sont finalement suivis d’actes et un moratoire instauré, l’annonce serait une très bonne nouvelle pour les fonds marins. Mais le temps presse. Selon Greenpeace,
« En juin 2021, l’entreprise minière canadienne The Metals Company (TMC) et l’État insulaire de Nauru ont lancé un compte à rebours de deux ans à l’AIFM pour achever l’adoption des règles, règlements et procédures nécessaires afin d’ouvrir la voie à la délivrance des permis d’exploitation des grands fonds marins ». La réunion du conseil sera donc décisive.
Pour l’instant, le discours ne s’aligne pas avec le bilan d’Emmanuel Macron en termes d’ambition, de crédibilité et de solidarité internationale.
Clément Sénéchal, chargé de campagne climat pour Greenpeace France, a souligné dans un communiqué de presse de l’association :
« Aucune mesure précise n’a été prononcée dans ce discours en Egypte concernant les émissions de CO2 françaises ou européennes, pourtant beaucoup trop élevées (…) Au lieu d’un accord pour un mécanisme de financement pour les pertes et dommages dès cette année, le président se positionne pour un énième dialogue parallèle sur le sujet, dont les travaux seront rendus plus tard. Or désormais, nous n’avons plus le luxe de perdre du temps. »
La France rejoint néanmoins les 11 autres pays qui se sont positionnés en faveur du moratoire à l’autorité internationale des fonds marins : les Palaos, les îles Fidji, la Micronésie, le Samoa, la Nouvelle-Zélande, le Costa Rica, le Chili, l’Espagne, le Panama, l’Equateur, et l’Allemagne. La France est donc le 3ème pays européen à rejoindre le moratoire, en plus d’être la deuxième puissance maritime au monde, son poids politique est donc extrêmement important.
Crédit photo couv : The Metals Company