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Grippe aviaire : 20 millions d’animaux tués, une hécatombe sans précédent due à l’élevage intensif

Les camions arrivent avec 14 à 15 tonnes de dépouilles, mais certains animaux sont encore vivants et bougent toujours. Les équipes portent des combinaisons intégrales pour ne pas être prises de vomissements irrépressibles face aux odeurs pestilentielles et aux scènes psychologiquement difficiles à encaisser.

Une vague de grippe aviaire sans précédent touche actuellement la France. Dans le Grand Ouest, 20 à 30 millions d’animaux contaminés ou susceptibles de l’être ont déjà été tués, dont 5 millions en Vendée. Plus de 500 clusters y ont été détectés en quelques semaines. Le gouvernement est débordé. Les associations alertent sur des risques sanitaires et environnementaux de long terme.

Pendant la saison de 2020 à 2021, la grippe aviaire avait déjà touché 500 élevages et 3,5 millions d’animaux avaient été tués. Par mesure de prévention, la claustration des oiseaux d’élevage avait été mise en place à partir du 5 novembre.

Le 5 avril 2022, l’association L214 dénonce les manques de moyens et atteintes aux règles de protection animale induites à la suite des nouvelles mesures, ainsi que les réels dangers potentiels que posent les vagues de grippe aviaire pour la santé humaine.

Les animaux sont tués par une lente asphyxie au dioxyde de carbone. En Vendée, où plus d’un tiers des élevages ont été touchés, un éleveur explique pour France Info que l’État n’envoie pas toujours des équipes pour réaliser la tâche, et qu’ils sont conseillés d’utiliser d’autres moyens :

« Je ne voulais pas couper la ventilation, les voisins l’ont fait, les services de l’État n’étant pas en mesure de venir procéder à l’euthanasie, les vétérinaires nous ont conseillé, en off, de couper la ventilation et de laisser les animaux mourir toute une nuit. »

A la suite de ça, ces éleveurs doivent s’organiser eux-mêmes pour retirer des milliers de cadavres et les enterrer dans des fosses organisées par les services de l’État.

D’après l’association Robin des bois, engagée pour les droits de l’homme et de l’environnement, la gestion des cadavres par fosses présente des risques sanitaires et environnementaux sur le long terme. Elles sont étanchéifiées dans l’urgence et pourvues de puits de récupération des jus de décomposition, reçoivent des cadavres de canards, faisans, dindes, poules, et cailles.

A Petosse, en Vendée, la fosse est d’une capacité de 25 000 tonnes. Les camions arrivent avec 14 à 15 tonnes de dépouilles, mais certains animaux sont encore vivants et bougent toujours. Les équipes portent des combinaisons intégrales pour ne pas être prises de vomissements irrépressibles face aux odeurs pestilentielles et aux scènes psychologiquement difficiles à encaisser.

Le sous-type du virus prédominant dans l’épidémie de grippe aviaire actuelle est à 95 % le H5N1. Reconnu pour la première fois en 1997 à Hong Kong lors d’une vague, il a également causé la mort de six personnes. L’Institut Pasteur indique que si les épisodes de transmissions de volaille à humain sont restés jusqu’ici épisodiques, la menace est toujours réelle :

« La propagation de l’infection chez les oiseaux augmente la probabilité de l’apparition d’un nouveau virus grippal dans la population humaine. »

L’épidémie de grippe humaine actuelle augmente le risque, puisque la combinaison d’un virus aviaire et un virus de grippe humaine peut faire naître des souches très résistantes. Le virus responsable de la grippe espagnol était de cette sorte.

Si le virus de la grippe aviaire trouve son origine dans la faune sauvage, les enfermer ne résout pas le problème : le virus peut être aéroporté, notamment par les ventilations. Une fois à l’intérieur, il se dissémine très rapidement.

Le collectif Sauve qui poule s’est exprimé sur le sujet pour France Info : « Il faut agir sur les causes structurelles de l’épidémie. Plus de 15 000 tonnes d’animaux morts pour le seul département de la Vendée, et chaque crise de grippe aviaire est pire que la précédente. C’est bien la densité des élevages, les déplacements des intervenants, les transports d’animaux vivants qui démultiplient les risques de propagation. Le Sud-ouest connaît son 4ème épisode de grippe aviaire en 7 ans, on voit bien que la claustration n’est pas la solution pour lutter contre la diffusion du virus. »

Aujourd’hui, en France, l’élevage intensif domine la production : 83 % des poulets et 97 % des dindes sont élevées en bâtiment fermé, sans accès à l’extérieur. L’élevage intensif met sous pression les systèmes immunitaires des animaux, qui deviennent très vulnérables aux maladies, et très résistantes aux médicaments et traitements préventifs.

Toute la chaîne de production est touchée par la grippe aviaire actuelle. Outre les bêtes, le poids financier est lourd. L’élevage intensif, qui affecte les animaux et nous affecte indirectement, est aujourd’hui remis en cause par beaucoup de français, mais le gouvernement tend à torpiller les mesures proposées.

Au contraire, les éleveurs de plein air ne sont pas touchés par la grippe aviaire, mais se voient eux aussi forcés à enfermer leurs animaux. Face à ce non-sens, nombre d’entre eux ont décidé de désobéir pour sauver leurs oiseaux.

Selon le collectif Sauve qui poule, il y a pourtant des moyens concrets pour éviter une nouvelle catastrophe : « En réduisant le nombre d’animaux dans les élevages et les transports, en délocalisant les outils de production et de transformation, pour développer l’autonomie et la résilience des systèmes. »

Crédit photo couv : L214

Lire aussi : Grippe aviaire : les paysans se mobilisent pour sauver l’élevage en plein air

Maïté Debove

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