Dans la plus grande forêt sèche d’Amérique Latine, dans le Gran Chaco, au Paraguay, vit l’un des derniers peuples autochtones non contactés d’Amérique du Sud, en dehors de l’Amazonie, des Ayoreo. Ils sont aujourd’hui menacés par le taux de déforestation le plus rapide au monde. Le 22 février 2022, les principales organisations autochtones d’Amérique du Sud se sont réunies et ont lancé un appel public à l’action.
L’ONG environnementale Iniciativa Amotocoide a pu établir en 2021 les signes de la présence de 80 à 150 indigènes non contactés, séparés dans différents groupes, mais dont le nombre pourrait avoir diminué. Ces Ayoreo vivent actuellement en se déplaçant, fuyant les bulldozers qui détruisent leur maison.
L’îlot de forêt dans lequel ils vivent rétrécit au fur et à mesure depuis 2001, aujourd’hui perdant environ 800 hectares par jour.
Les entreprises agro-alimentaires sont responsables de ce défrichement et prévoient de s’élargir sur davantage de terres pour des productions bovines dont la majeure partie du cuir produit est exporté vers l’Union européenne.
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Pour les Ayoreo, la perte de leur habitat entraîne non seulement le contact et des déplacements forcés mais également la prolifération de maladies et l’arrivée de nouvelles comme le coronavirus, la perte progressive de leur indépendance alimentaire, ainsi que de violentes rencontres entre les partis impliqués.
Théoriquement, la constitution du Paraguay reconnaît la propriété aux tribus autochtones, mais depuis la dernière génération des Ayoreo, par l’intermédiaire de privilèges attribués par le gouvernement, de nouveaux propriétaires ont été déclarés.
Les diverses organismes régionaux et associations d’autochtones lancés depuis toute l’Amérique du Sud, demandent dans un appel public que les terres des Ayoreo leur soient restituées de toute urgence, que les entreprises d’élevage qui occupent leur terre soient expulsées et que le territoire soit mis sous protection et surveillance de manière adéquate, afin d’éviter plus de destruction.
D’après eux, le gouvernement paraguayen ne prendra action que si des organismes extérieurs tels que la Commission interaméricaine des droits de l’homme interviennent.
Après une tentative de communication auprès de la FUNAI (Fondation nationale de l’Indien) afin de demander une action urgente pour protéger la forêt et éviter un génocide, et un manque de réponse et de mouvement pendant 5 mois de suite, ils ont ainsi décidé de changer de stratégie.
L’ONG Survival International, qui a relégué l’information par l’intermédiaire d’un communiqué, a coordonné une action où elle demande de combiner les hashtags #TierraAvoreo et #CIDH afin d’interpeller la Commission interaméricaine des droits de l’homme et demander une action imminente pour aider les indigènes non-contactés.
Porai Picarenai, l’un des chefs Ayoreo en contact, a déclaré : « Si l’État refuse d’agir, alors nous protestons contre l’invasion de notre territoire. Les éleveurs de bétail occuperont toutes nos terres, nos proches mourront et nous pourrions bientôt disparaître, nous aussi. »
Crédit photo couv : Survival International