Une étude scientifique a été réalisée au Royaume-Uni sur la nécessité d’utiliser ou non des gaines de protection en plastique ou protèges-troncs, en étudiant leur impact environnemental. Sans surprise, le constat est sans appel : mieux vaut ne pas en utiliser à cause de leur empreinte carbone élevée, mais aussi de l’innombrable pollution aux microplastiques qu’elles engendrent. Les chercheurs proposent des protections alternatives pour repenser notre façon de reforester et entretenir les forêts.
Originaires d’Écosse dans leur conception puis répandues au Royaume-Uni et dans le reste du monde dans les années 80, les gaines de protection pour arbres en plastique n’avaient jusque-là pas été étudiées dans le cadre de leur impact environnemental.
Si restaurer les forêts en plantant des arbres s’avère être une stratégie efficace afin de réduire le plus possible nos émissions de dioxyde de carbone et sa présence dans notre atmosphère, les auteurs de l’étude rappellent que la production de pollution plastique devrait être prise en compte dans les méthodes de reboisement et de reforestation.
Cette étude britannique s’est ainsi penchée sur l’impact environnemental de la plantation d’arbres, avec et sans gaines de protection. Selon les scientifiques, 85% des arbres sous protection survivent, contre 50% sans protection. Pour qu’un arbre survive pendant 5 ans, il est donc nécessaire de planter 1,18 arbres avec protection et 2 sans protection.
Malgré cela, il a été déterminé qu’il est préférable la majeure partie du temps de perdre une partie des jeunes pousses plutôt que d’utiliser des gaines de protection en plastique. Les résultats de l’étude peuvent s’appliquer à toute zone ayant un climat océanique.
En effet, l’étude démontre que planter en masse des arbres entrainerait la production d’innombrables protèges-troncs en plastique qui se dégraderaient en pollution de microplastiques, irrécupérables dans l’environnement. Leur recyclage, bien que préférable, s’avère très difficile car les gaines, devenant très fragiles avec le temps, s’enchevêtrent dans la végétation et se brisent facilement lorsqu’elles sont récupérées.
Sans surprise, l’empreinte carbone de la plantation d’un arbre avec un protège-tronc en plastique est au moins deux fois plus importante que celles des plantations réalisées sans plastique.
Cependant, dans les endroits où les dommages sont vraiment les plus importants, comme ceux où vivent de larges populations de lapins, de cerfs, et de moutons, c’est-à-dire des animaux de pâturage, l’étude note qu’il est préférable d’utiliser des gaines de protection.
Mark Miodownick, spécialiste de la science des matériaux et l’un des auteurs de la recherche, a expliqué à The Guardian que l’exclusion de toute gaine en plastique, à moins de ne pas pouvoir protéger un arbre autrement que par ce biais, devrait être la solution prioritaire.
L’association du National Trust, qui possédait en 2020 248 000 hectares de terres au Royaume-Uni, a pour but de planter 20 millions d’arbres d’ici 2030. Elle a donc déjà mis en place des alternatives écologiques aux gaines en plastique, comme l’utilisation de cageots réalisés à partir d’arbres malades locaux, de carton, d’ajoncs ou de bois d’aubépine afin de protéger les jeunes plants.
Ainsi, dans le massif calcaire des South Downs, le National Trust a construit des cageots à partir de châtaigniers, des infrastructures robustes. Dans la zone du lac Ennerdale Water, au nord-ouest de l’Angleterre, 20 000 arbres natifs ont été plantés en utilisant pour nouvelles gaines de protection les débris de conifères tombés.
Cette étude suggère donc de nouveaux moyens d’aborder la reforestation en pensant à leurs divers impacts sur le long-terme. Mark Miodownick ajoute :
« Ce n’est pas la dernière fois que nous abordons ce sujet, c’est le début d’une approche basée sur des évidences dans la plantation d’arbres. La prochaine génération devra être la gardienne de larges forêts, qui doivent être entretenues et conservées vivantes. Pour y parvenir, nous devons faire preuve de bon sens et talent. ».
En effet, un quart des forêts mondiales se trouvent en Europe. Notre action et le développement de techniques et de collaborations à leur égard est donc loin d’être négligeable face au réchauffement climatique.