Ces dernières années la recherche scientifique a ouvert de nouvelles perspectives dans la compréhension des plantes : interconnexion des réseaux de racines, réactions des plantes à leur environnement, transmission d’information… Nous apprenons que les plantes sont loins d’être des organismes figés qui ne font que prendre la lumière et dégager du CO2. Elles interagissent avec les animaux qui les entourent, et les stimulis visuels et sonores.
La réaction des plantes au stress été étudiée depuis quelques années. On avait déjà observé leur changement de couleur d’odeur et de forme. Mais pour la première fois, une émission de sons produit par des plantes a été enregistré par des chercheurs de l’Université de Tel Aviv.
Ces sons ont été enregistrés dans les chambres acoustiques et dans les serres : 65 dBSPL de sons ultrasonics de la part de tomates et de tabac soumises à deux types de stress : le manque d’eau et la coupure de leur tige. Ces sons seraient détectables par d’autres organismes présents à quelques mètres de la plante, insectes ou petits mammifères. Ainsi les papillons ne pondraient pas leurs oeufs sur une plante dont ils perçoivent qu’elle est stressée par un manque d’eau. Les plantes percevant elles aussi les sons d’autres congénères, peuvent réagir en conséquence.
Cette découverte comme d’autres pourraient mener à de nouvelles pratiques pour une agriculture raisonnée et respectueuse du vivant. Les études que les scientifiques mènent pas à pas rejoignent la compréhension cosmogonique que bien des peuples autochtones avaient du vivant. Le règne végétal nous est encore bien étranger, au point que nous ne trouvons pas de mots qui éviteraient l’anthropomorphisme.
Nous parlons de l’“intelligence” de la “sensibilité” des plantes, comme si nous ne pouvions envisager une autre manière de sentir ou de penser que les nôtres et que pour que les plantes soient reconnues comme des êtres sensibles, nous devions leur attribuer des attributs humains. Mais si nous avons l’humilité de tendre l’oreille vers le langage des plantes, nous pourrions ouvrir un champ de compréhension qui pourrait bien servir de base à une nouvelle intégration de l’humain au vivant.