Dans les régions aux températures plus extrêmes, l’impact de la crise climatique se fait déjà durement ressentir. En Laponie, les rennes ne peuvent plus se nourrir seuls en hiver à cause des changements de température. Les Sami, une population autochtone, doivent désormais les nourrir pour empêcher qu’ils meurent de faim, comme c’est le cas en Norvège.
Les rennes, espèce déjà vulnérable
Dans la région de Rovaniemi, en Laponie, les Sami élèvent des rennes de générations en générations. Cet hiver, les Sami sont confrontés à une situation inédite : devoir nourrir eux-mêmes les rennes qui ne peuvent plus se nourrir. En cause : les changements brutaux de température. Au sein d’un hiver habituellement à -40°C, des hausses soudaines de température en plein milieu de la saison ont fait fondre des couches de neige qui sont ensuite devenues des couches de glace lorsque les températures sont redescendues. Les rennes ne peuvent alors pas gratter la glace, trop dure, pour trouver le lichen dont ils ont besoin.
« Depuis toujours, ce sont des animaux sauvages. Je suis la première génération, dans cette zone, qui est obligée de regrouper les rennes dans des enclos pour les nourrir. Et bien sûr ça coûte beaucoup d’argent. » explique ainsi Miia, 38 ans, au micro de FranceInter
Au mois de Juillet 2019, plus de 200 rennes sont ainsi morts de faim sur l’archipel norvégien du Svalbard dans l’Arctique. De façon générale, les rennes auraient perdu plus de 7 kg en 16 ans dans l’archipel norvégien du Svalbard à cause de la formation de verglas causé par les pluies, les empêchant d’accéder au lichen.
Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les rennes sont classés dans la catégorie « Vulnérable » et le nombre d’individus est en déclin. Il y aurait actuellement plus de 2,8 millions de rennes adultes dans le monde. En plus de la crise climatique, ils sont menacés par les activités humaines comme la chasse, l’exploitation forestière et les espèces invasives.
Les Sami, une population autochtone en danger
Le péril qui plane sur les rennes impact directement les Sami qui dépendent d’eux pour vivre. Le Grand Nord connaît déjà des températures à +2°C voire +4°C par endroits ce qui modifie de façon trop brutale les conditions de vie de ce peuple autochtone. Tous les peuples de l’Arctique, Inuits, Aléoutes et Samis, s’étaient ainsi réunis mi-novembre pour faire face au danger.
« Bien sûr, si la végétation évolue, nous aurons peut-être de nouvelles espèces ou plus de biodiversité, aussi. Mais quand le changement va si vite, nous n’avons pas le temps de nous adapter. Si l’accord de Paris sur le climat n’est pas respecté, les peuples autochtones pourraient être parmi les plus démunis. » explique Aili Keskitalo, présidente du parlement Sami de Norvège.
Les Sami font ainsi partiedes plaignants contre l’Europe pour inaction climatique et violation des droits humains dans l’affaire du People’s Climate Case.
Malheureusement, le 3 décembre, les institutions européennes (Parlement et Conseil européens) ont décrété que les familles plaignantes et l’association de jeunesse Sami, qui subissent les conséquences dévastatrices du changement climatique, ne devraient pas être entendues par les tribunaux européens.
Les plaignants, dont les Sami, affirment que l’objectif climatique actuel de l’UE de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 1990, est insuffisant. L’association CAN Europe appelle à une réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’UE d’au moins 65 % comparé aux émissions de 1990. Cet objectif doit être atteint dans la première partie des années 2020 pour éviter le pire pour les familles.