4 000 substances toxiques. 500 litres d’eau pollués. 12 ans pour se désagréger. Voici ce que représente à lui seul un mégot de cigarette. En 2016 trois jeunes filles, Alice Comble (25 ans), Solène Cormont (22 ans) et Marine Lauriot (24 ans) partent d’un constat évident :
« Le mégot est le premier déchet mondial. Aujourd’hui, on sait le recycler. Alors pourquoi n’existe-t-il pas de points de collectes dans les villes et les zones fumeurs des entreprises ? »
Elles lancent ainsi Greenminded, une association de collecte et de recyclage des mégots.
Le recyclage
Dans une cigarette, la partie qui filtre est composée de plastique et pleine de substances toxiques. Au recyclage, le mégot est plongé dans de l’eau. Toutes les substances toxiques s’y larguent jusqu’à donner une eau saturée en polluants qui est dépolluée et retraitée en circuit fermé. À la fin du bain d’eau est obtenue une fibre saine, sans polluants. Celle-ci est compressée et chauffée à très haute température afin d’obtenir des plaques de construction pour du mobilier urbain ou du mobilier de jardin par exemple. Le matériau est lui-même recyclable puisqu’il peut par la suite être broyé et réutilisé.
Greenminded a mis au point des kits de recyclage comprenant une étiquette d’affranchissement par voie postale pour envoyer le saut rempli à l’usine de transformation située en Bretagne. Disponibles sur leur site internet, ils sont accessibles aux particuliers et aux entreprises.
Gérer la pollution
Pour le moment, ce système implique pour les citoyens de devoir prendre en charge les coûts du recyclage. Une situation aberrante à laquelle l’association souhaite également remédier, notamment avec une pétition pour que les industriels du tabac financent le recylage. Aucune écotaxe n’existant sur le mégot de cigarette actuellement, ceux-ci ne versent pas un sou pour gérer la pollution qu’ils génèrent.
Or cette pollution est colossale. Le mégot arrive en tête des déchets retrouvés dans l’environnement, quel que soit le milieu. Jeté dans le caniveau, il termine directement dans les océans, où il constitue le 3e déchet le plus mortel à cause des substances chimiques qui le composent (dont de l’arsenic, du plomb, du goudron…).
« Vous mettez un mégot dans un aquarium, au bout de quelques heures la moitié des poissons qui s’y trouvent seront morts. » constate Alice Comble.
Aujourd’hui, deux tiers des mégots sont jetés au sol et finissent dans les cours d’eau. Le dernier tiers est placé dans des décharges ou dans des centres d’incinération. En France, leur nombre est estimé à 30 milliards chaque année, dont plus de 40 % se trouveraient dans la nature.