Émile Servan-Schreiber, auteur de Supercollectif – La nouvelle puissance de nos intelligences, démontre que l’intelligence d’un groupe est supérieure à l’addition des intelligences individuelles qui le composent, et qu’elle repose sur un facteur majeur : la présence de femmes.
L’intelligence collective
Fils de Jean-Jacques Servan-Schreiber, homme politique et fondateur de l’Express, Émile Servan-Schreiber s’installe à Pittsburgh dans les années 1980. À l’université Carnegie-Mellon, il rencontre celui qu’il qualifie de « pur génie », le professeur Herbert Simon, inventeur de l’intelligence artificielle et prix Nobel d’économie en 1978. Celui-ci dirigera plus tard sa thèse en sciences cognitives.
Très vite, Émile Servan-Schreiber s’intéresse à ce qu’il appelle l’intelligence collective. À la manière des termites qui ensemble savent construire une termitière, il constate qu’à certaines conditions liées à l’organisation, un groupe d’humains possède une intelligence supérieure à l’addition des intelligences individuelles qui le composent. Il formule également une autre observation : les groupes majoritairement féminins sont plus intelligents que les autres.
Intelligents… c’est-à-dire ? Émile Servan-Schreiber s’appuie sur la définition qu’en donne Jean Piaget, l’un des plus grands spécialistes du sujet au XXe siècle : « ce qu’on fait quand on ne sait pas ». Ce qui comprend donc à la fois du raisonnement, de l’intuition, de l’induction, et la capacité à réagir correctement à une situation.
Mesurer le QI d’un groupe
Pour ses recherches, l’auteur a utilisé une expérience inédite réalisée par des scientifiques de Carnegie-Mellon et du MIT. Ceux-ci ont tenté de mesurer le QI d’un groupe, en se posant cette question : est-il possible d’identifier de façon aussi tangible que pour un QI individuel quelque chose qui représenterait l’intelligence commune de plusieurs personnes réunies ?
L’expérience s’est avérée concluante. Les scientifiques sont parvenus à faire passer des tests au groupe, à mesurer son QI, et à obtenir un chiffre qui se révélait prédictif de la capacité du groupe à résoudre le prochain problème auquel il allait être confronté.
De plus, ils se sont rendu compte que cette intelligence du groupe ne dépendait pas des intelligences individuelles dans le groupe, qu’il ne suffisait d’avoir des QI très haut dans le groupe pour que celui-ci ait un gros QI. De quoi dépendait-elle ? De la proportion de femmes dans le groupe.
L’élégance de l’écoute
En effet, une intelligence collective fonctionne quand les membres possèdent une liberté de parole et surtout la capacité à prendre en compte celle des autres. Lors de l’étude, il s’est avéré que la qualité du groupe, son intelligence, dépendait de l’égalité du temps de parole entre chacun.
Or les femmes ont cette « élégance de l’écoute », plus que les hommes qui « ont tendance malheureusement à rivaliser pour prendre la parole, au lieu d’écouter. » explique Émile Servan-Schreiber. Selon l’auteur, « cette capacité de sensibilité sociale fluidifie la communication, et la qualité de notre groupe va dépendre de la qualité de notre communication, de la qualité des connexions entre nous. »