L’impact du système alimentaire
L’impact environnemental colossal de l’élevage est de notoriété publique. Des chercheurs de l’université d’Oxford viennent de publier dans la revue Nature des estimations précises de cet impact dans le futur, expliquant qu’il est voué à augmenter. Dans le même temps, l’étude fournit des clés pour « maintenir notre système alimentaire dans les limites environnementales ».
« Le système alimentaire est un facteur majeur du réchauffement climatique, des changements dans l’utilisation des sols, de l’épuisement des ressources en eau potable, ainsi que de la pollution des écosystèmes aquatiques et terrestres causée par des apports excessifs d’azote et de phosphore. » résume l’étude.
L’« Examen global de la pollution de l’eau par l’agriculture » publié en juin dernier par la FAO confirmait déjà ce constat. Alors qu’elles se chiffraient à un milliard de dollars en 1970, les ventes de pesticides mondiales représentent aujourd’hui 35 milliards de dollars par an. 115 millions de tonnes d’engrais minéraux azotés sont appliqués chaque année sur les cultures, dont 20 % finissent par s’accumuler dans les sols et contaminer les nappes phréatiques. Ceci équivaut à une utilisation d’engrais minéraux 10 fois plus importante qu’en 1960.
L’élevage est responsable d’un sixième des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Quant aux conséquences sur les ressources en eau, un chiffre suffit à l’illustrer : près de 7.000 litres d’eau sont consommés pour produire 500 grammes de bœuf.
Au-delà des limites planétaires
Les scientifiques d’Oxford alertent sur le fait que cet impact est voué à s’accentuer. « Entre 2010 et 2050, en raison de l’évolution démographique et de l’amélioration des niveaux de revenus, les impacts environnementaux du système alimentaire augmenteront de 50 à 90 % en l’absence d’évolutions technologiques et de mesures de limitation. Les niveaux atteints seront au-delà des limites planétaires qui définissent un espace viable pour l’humanité. »
Solutions
Pour réduire l’impact environnemental du système alimentaire, l’étude livre plusieurs solutions, dont « un mode d’alimentation plus sain, des régimes alimentaires plus végétariens, une amélioration des technologies et du management, et une réduction du gaspillage de nourriture. »
Selon la FAO, les émissions de gaz à effet de serre pourraient être réduites de 30 % en recourant à des technologies existantes.
Concernant le gaspillage, les scientifiques d’Oxford ont calculé qu’en réduisant de moitié les pertes alimentaires dues à de simples problèmes de gestion, les répercussions environnementales pourraient baisser de 16 %.
Enfin, un changement de régime est absolument nécessaire. Pour nourrir les 10 milliards d’humains que nous serons en 2050, les pays développés devront réduire de 90 % leur consommation de viande.
L’étude conclut sur ce point :
« Aucune mesure seule n’est suffisante pour maintenir notre système alimentaire dans les limites environnementales. Une combinaison synergique de mesures est indispensable pour atténuer suffisamment l’augmentation prévue des problèmes environnementaux. »