Face à la baisse des subventions publiques, alors que les besoins ne cessent de croître, les associations, fragilisées, tirent la sonnette d’alarme. À l’appel du Mouvement associatif, elles se mobilisent partout en France pour faire entendre un message clair : « ça ne tient plus ». Derrière ce cri d’alerte, c’est l’ensemble d’un modèle économique, social et démocratique qui vacille.
Les associations en danger
Avec 1,4 million de structures, 20 millions de bénévoles et 1,8 million de salarié.es, les associations sont au cœur de la société française. Présentes dans toutes les sphères du quotidien – solidarités, éducation populaire, culture, sport, santé, environnement, accompagnement des plus fragiles – elles tissent du lien social, favorisent l’engagement citoyen, agissent concrètement sur la vie des personnes et donnent une voix à celles et ceux qui ne sont pas entendus.
Porte-voix des dynamiques associatives et acteur engagé du débat public, Le Mouvement associatif, qui représente à lui seul 700 000 associations, soit la moitié du tissu associatif national, alerte sur une situation critique : près de 30 % des structures ont déjà réduit leurs activités et une majorité n’a pas de trésorerie suffisante pour trois mois.
« Selon les premières informations que nous avons glanées, que le budget de l’État 2026 consacré à l’ESS serait réduit à 11 millions d’euros. Une chute vertigineuse. Dans la version 1 du projet de loi de finances 2025, le gouvernement Barnier l’avait fixé à 16,7 millions d’euros en baisse drastique par rapport à 2024. Les parlementaires l’avaient remonté à 26,7 millions d’euros pour répondre aux besoins des acteurs de l’ESS confrontés à des défaillances en chaîne dans les territoires. Si l’information est confirmée, il s’agirait d’une saignée sans précédent », alerte Benoît Hamon, Président d’ESS France et Directeur de SINGA
Inflation, baisse des subventions et instabilité politique
Dans une lettre ouverte, adressée le 29 janvier dernier au Premier ministre François Bayrou, la présidente du Mouvement associatif, Claire Thoury, détaille les causes de cette crise. Le retard dans l’adoption du budget de l’État ainsi que la baisse des dotations aux collectivités territoriales, viennent fragiliser les missions d’un secteur associatif déjà en tension.
Une enquête publiée en septembre dernier par la Fédération des acteurs de la solidarité met en lumière les difficultés de financement qui menacent l’existence même des associations. Les arbitrages budgétaires opérés par les collectivités locales mettent en danger ces structures privées à but non lucratif, qui emploient aujourd’hui 11 % des salarié.es en France.
Ces difficultés financières ont déjà conduit les associations à hybrider leurs ressources et à trouver d’autres recettes. Dans une étude menée par le Conseil économique social et environnemental l’an dernier, 70% des structures ont déclaré avoir développé une stratégie de collecte pour faire face aux baisses de subventions publiques, les dons ne représentant pourtant qu’en moyenne environ 6 % du financement global des associations.
Des besoins grandissants
La pauvreté et les besoins des citoyens, pris en charge par les associations, augmentent dans tous les domaines, pendant que les subventions stagnent. Entre 2005 et 2020, la part des financements publics dans les ressources des associations a même chuté de 41 %, passant de 34 % à seulement 20 %, d’après un rapport du Conseil économique, social et environnemental publié en 2024.
Face à une situation financière de plus en plus critique, et un budget 2026 qui ne risque pas de l’améliorer, les associations, y compris celles qui emploient, ne s’en sortent plus. On assiste à des plans sociaux en série, comme à APF France Handicap ou Aides.
Malgré cette situation tendue, la création d’associations ainsi que l’engagement croissant des jeunes, démontrent un besoin réel que les financements ne suivent pas. En effet, pas moins de 70 000 associations voient le jour chaque année en France.
Une mobilisation nationale
Après des alertes répétées, Le Mouvement associatif a fini par changer d’approche pour unir les forces et faire face collectivement. Avec l’ambition de rassembler une pluralité d’acteurs, la mobilisation historique ça ne tient plus, première action de cette ampleur dans le monde associatif, visait à sensibiliser un public plus large au rôle essentiel que jouent les associations au quotidien.
Partout en France, environ 300 associations locales tous secteurs confondus ont pris part à cette mobilisation. À Paris, plus de 64 associations différentes étaient présentes.
La mobilisation du 11 octobre marque un point de départ, une phase de lancement réussie qui a vocation à s’inscrire dans la durée. Le Mouvement Associatif poursuit actuellement une réflexion de fond pour élaborer des propositions en amont et formuler des demandes claires et concrètes à destination des pouvoirs publics.
La prochaine échéance confirmée est le colloque Droits de Cité, prévu en janvier 2026, qui réunira de nombreux partenaires.
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