Un tout nouvel indicateur publié par l’Office national de la biodiversité (ONB) vient confirmer une dégradation inquiétante de la biodiversité dans les cours d’eau douce, due en grande partie au réchauffement de ces derniers. Au total, pendant 40 ans, les lacs français se sont réchauffés de 1,16°C.
La couche supérieure des lacs plus sensibles
Entre 1989 et 2019, chaque année, les lacs français se sont réchauffés de 0,29°C en moyenne. Qu’il s’agisse de lacs naturels, artificiels ou de barrage, aucun des 267 observés n’y échappe. Ce nouvel indicateur publié à la mi-décembre par l’ONB donne à voir «l’évolution de la température de la couche supérieure des lacs, celle qui est la plus sensible aux changements de température» et illustre ainsi clairement l’impact du réchauffement climatique et ses conséquences sur la vie de la faune et flore lacustre.
À travers plusieurs graphiques dévoilant toujours cette même période de 40 ans, on peut notamment constater que ce sont cependant les lacs naturels, au nombre de 54, qui ont subi la moins forte hausse de température par décennie, tandis que les 11 lacs artificiels, eux, ont connu la plus importante hausse. Quant à la majorité des lacs, ceux de barrage, soit 202, se positionnent à peine au-dessus de 0,29°C.
Par ailleurs, l’indicateur permet de constater que la majeure partie de la France est concernée par une élévation des températures moyennes annuelles de surface. À cheval sur le Grand Est et la Franche-Comté, l’hydro-écorégion est la seule de l’hexagone dont les lacs ont dépassé les 2°C d’évolution de température de surface, la quasi-totalité des autres se situant bien souvent entre 1 et 2°C de réchauffement. Enfin, Sur la période 1989-2019, les lacs ont connu des températures supérieures à 20°C pendant au moins 64 jours à l’année à 21 reprises.
Des limites à prendre en compte
Jusqu’à présent, les 4 indicateurs de l’ONB existant concernant le réchauffement climatique étaient en lien avec la température de l’air. Ce nouvel outil permet ainsi de répondre à la question ainsi formulée :
« Comment évoluent les pressions majeures que notre société fait peser sur la biodiversité des milieux d’eau douce ? ».
Et la réponse donnée par l’indicateur semble claire : au total, 91,4% des lacs se réchauffent de manière significative, avec une tendance à continuer d’augmenter.
Si ces données sont donc précieuses pour mieux comprendre la façon dont le réchauffement climatique a un impact direct sur la température et la santé des lacs français, l’ONB tient tout de même à souligner les quelques limites aux mesures publiées.
D’une part, seuls ont été pris en compte les lacs de plus de 50 ha. Les petits plans d’eau riches en biodiversité et tout aussi « vulnérables au changement climatiques », ne font pas partie de l’étude menée sur les 40 années.
D’autre part, des conditions tels que les niveaux d’eau, les fluctuations, nombres d’affluents, mais aussi les paramètres météorologiques comme les nuages ou le vent ne sont pas pris en compte dans le calcul de l’indicateur, alors qu’ils pourraient « avoir un impact sur la température ». Selon l’ONB, cependant « le choix d’un modèle semi-empirique assez simple est un compromis entre obtenir des simulations sur un nombre important de lacs et des incertitudes faibles ».