La grosse bête aurait-elle peur de la petite ? Afin d’empêcher les éléphants de détruire les récoltes des agriculteurs kényans, des ruches ont été installées sur les clôtures protégeant les fermes. Cette solution dissuade 86 % des pachydermes d’approcher des cultures selon une étude de l’université d’Oxford.
Au Kenya, des abeilles repoussent les éléphants
Si les éléphants font la réputation de Tsavo, une ville située au sud-est du Kenya, ils n’ont pourtant pas bonne presse auprès des fermiers locaux. Les pachydermes empiètent, en effet, sur les voies de migration des troupeaux, sur les pâturages et dévastent parfois les récoltes.
Avec une croissance démographique rapide de ces herbivores géants à Tsavo (dont le nombre a augmenté d’environ 6 000 dans les années 1990 jusqu’à atteindre 15 000 en 2021), couplée à une augmentation nationale de la population humaine (de 54,9 % entre 2000 et 2020), les tensions pour l’espace se multiplient. Les conflits avec les humains sont même devenus la première cause de mortalité chez les pachydermes.
Afin de favoriser la coexistence, une solution écologique et quelque peu particulière a été trouvée par l’organisation non gouvernementale Save the Elephants ainsi que par l’agence Kenya Wildlife Service : les abeilles. Le principe ? Installer des ruches sur les clôtures protégeant les fermes afin de dissuader les pachydermes d’approcher.
Les abeilles dissuadent 86 % des éléphants d’approcher
Suspendues à quelques mètres du sol afin de les protéger des autres animaux et des insectes, ces ruches forment une véritable barrière naturelle. Craignant d’être piqués, a fortiori sur la trompe, les yeux ou la bouche, des zones qui ne sont pas protégées par leur peau épaisse, les colosses rebroussent chemin.
Selon une récente étude, menée durant neuf ans sur vingt-six fermes en partenariat avec l’Université d’Oxford, la présence de ces clôtures-ruches dissuade 86,3 % des éléphants de piller les cultures au moment des récoltes. Des recherches antérieures menées par l’université américaine ont montré que les éléphants réagissent fortement au bruit des abeilles, en s’enfuyant ou encore en grognant significativement afin d’avertir leurs congénères.
« Nous détestions vraiment les éléphants jusqu’à ce que nous ayons des enclos équipés de ruches qui nous ont appris à coexister avec eux, explique la fermière Charity Mangwome pour l’AFP. Nous obtenons désormais de bonnes récoltes sur la portion clôturée par les ruches. »
Mises en place depuis 2007 à Tsavo, ces ruches permettent également aux agriculteurs de se dégager un nouveau revenu en vendant le miel produit par leurs abeilles. À titre d’exemple, les 365 ruches suivies durant l’étude ont produit une tonne de miel, le tout monnayé pour 2 250 dollars. Cette solution tend à se développer : à ce jour, plus de 14 000 ruches ont été installées dans plus de 97 sites d’Afrique et d’Asie.
Toutefois, les scientifiques alertent sur le fait que cette solution naturelle est malmenée par les aléas climatiques. En effet, en 2017, la sécheresse avait réduit de 75 % le taux d’occupation des ruches.
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