Rebondissement de taille dans la lutte contre le deep sea mining. Après un tollé international, la Norvège a décidé de suspendre les licences d'exploitation minière en eaux profondes. Un report crucial pour éviter à l’Océan le lancement international de la course aux minerais rares dans les fonds marins.
En juin 2023, la Norvège avait annoncé vouloir ouvrir une vaste zone de 280 000 kilomètres carrés des fonds marins de l’Arctique – une superficie équivalente à celle de l’Irlande et du Royaume-Uni – à l’exploitation minière des fonds marins, contre laquelle de nombreux scientifiques réclament un moratoire d’au moins 10 ans pour les impacts inconnus et désastreux qu’elle risque de faire subir aux écosystèmes marins.
Cette annonce avait provoqué un haro international contre la Norvège qui était exhortée à protéger les planchers océaniques des appétits des industriels. Deux ans après, c’est une victoire inespérée pour les activistes, scientifiques et pays engagés dans la protection de l’Océan. Alors que le gouvernement norvégien souhaitait délivrer les premiers contrats d’exploitation dès 2025, le parti socialiste de gauche a bloqué cette initiative en échange de son soutien au budget 2025 du gouvernement minoritaire.
« C’est franchement inattendu, je n’y croyais plus, se réjouit l’activiste Anne-Sophie Roux, co-autrice de notre livre-journal Océans, pour La Relève et La Peste. C’était notre dernière chance d’éviter le pire. Ces licences d’exploitation devaient durer 10 ans et auraient été irrévocables ! Si cela avait démarré maintenant, la Norvège aurait ouvert le bal de l’exploitation qui aurait créé un dangereux précédent pour l’Océan »
En juillet 2024, une équipe de scientifiques découvrait que les nodules polymétalliques convoités par les industriels produisent de l’oxygène à plus de 4000m de profondeur, dans le noir. Une découverte majeure qui rebat les origines de la vie sur Terre. Grâce à une longue campagne internationale de sensibilisation, 32 pays ont rejoint le moratoire exigeant de répondre au principe de précaution. La Norvège pourrait-elle devenir le 33ème ?
« Cela changerait tout. Jusqu’ici, la Norvège était l’un des pays qui poussait le plus l’exploitation des fonds marins. » précise Anne-Sophie Roux pour La Relève et La Peste
Pour l’heure le premier ministre Jonas Gahr Stoer a précisé qu’il ne s’agissait que d’un report. Mais le résultat des élections en 2025 pourrait bien faire pencher la balance vers une protection plus stricte de l’océan arctique.
« La gauche norvégienne a fait de l’exploitation minière des fonds marins une ligne rouge dans les négociations du budget grâce à une mobilisation internationale. Pas uniquement des activistes et ONGs, mais aussi des pêcheurs, des parlements européen, français et anglais, et même du monde de la finance ! » salue Anne-Sophie Roux pour La Relève et La Peste
En juillet 2023, un consortium de de 36 banques et institutions financières, pesant 3000 milliards d’euros d’investissement, avait appelé les gouvernements à s’abstenir de toute exploitation minière en eaux profondes jusqu’à ce que ses risques potentiels soient compris. Au-delà de l’impact écologique, le manque de rentabilité d’une telle exploitation remettait en cause le bien-fondé du projet.
Pour le responsable norvégien de Greenpeace, Frode Pleym, la décision du gouvernement est une « victoire cruciale » qui « devrait être le clou du cercueil de cette industrie destructrice ».
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