L’événement a provoqué l’émoi et la colère des photographes animaliers qui le connaissaient bien, mais aussi des amoureux des animaux. « L’indien », un cerf surnommé ainsi en raison de ses bois majestueux, a été tué lors d’une chasse à courre. L’association AVA dénonce des opérations ciblées contre les derniers grands cerfs de l'Oise.
Dimanche près de Rethondes, l’équipage Rivecourt a abattu « l’Indien », un grand cerf surnommé ainsi en raison de ses bois (14 cors ou « pointes ») qui faisaient penser à la coiffe d’un grand chef première nation.
Ce sont des habitants de Saint-Crépin qui ont alerté Abolissons la Vénerie Aujourd’hui (AVA) de Compiègne, association pour l’abolition de la chasse à courre, après avoir entendu des bruits de cors et de meute en forêt de Laigue dimanche 24 novembre.
« Habituellement, c’est le samedi, mais l’équipage de Rivecourt a une dérogation pour chasser six dimanches. Ils ont traqué L’Indien qui est allé se jeter dans les étangs des Grévières, près du village de Rethondes, où il a été rattrapé et tué. Pour eux, la mort de ces animaux est un spectacle, accuse Stanislas Broniszewski, le leader d’AVA auprès de nos confrères du Parisien. Ce cerf était l’un des plus grands cerfs du massif, admiré de tous les photographes locaux. Il a passé quasiment toute sa vie à la même place de brame. C’était leur coqueluche. »
Ce n’est pas la première fois que des chasseurs à courre s’attaquent aux plus beaux cerfs de Compiègne. Les veneurs ont ainsi déjà tué « 30 de Meule », « La Pioche » et « Black » en 2020 et « 45 de chevillure », « Osiris » et « La Pieuvre » en 2022. Des chasseurs à tir ont abattu « L’Équerre » et l’« Araignée » en 2021, mais aussi « Passe-partout » et « Le Rouquin » cette année et cela en moins de 15 jours en pleine période de brame, période de reproduction pour les cerfs où ils sont plus vulnérables.
Tous ces individus étaient de grands cerfs âgés de plus dix ans. On estime qu’il n’en resterait plus que deux dans le massif : « Brutus », raté de peu l’an dernier et « Nils ».
Si les chasseurs sont dans la légalité, via un quota de prises, un « code moral » leur recommanderait de limiter le prélèvement de ces cerfs de plus de dix ans à 20 %. Une consigne visiblement ignorée des chasseurs… A tel point que même Guy Harlé d’Ophove, président des chasseurs de l’Oise, avait déploré ces excès et plaidé la nécessité de modération pour protéger une population déjà fragile.
« Et dire que ces gens ont parfois le culot de venir à des rassemblements contre la gestion du « gibier » par l’ONF, et de dénoncer, presque la larme à l’oeil, la disparition de leurs proies préférées ! Leur plaisir de traquer et de tuer prend néanmoins toujours le dessus sur ces paroles hypocrites, dénonce AVA Compiègne. Les grands cerfs se comptent désormais sur les doigts d’une seule main en forêt de Laigue et d’Ourscamps. »
Pour protéger les quelques grands cerfs encore en vie, AVA Compiègne reste disponible pour recueillir les informations urgentes sur leur traque et mis en place une équipe de locaux capables d’intervenir.
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