Les premières résistances à Toulouse contre la LGV Bordeaux-Toulouse apparaissent à la veille d’un week-end de mobilisation et de coupes massives d’arbres sur le tracé près de Castelnau-d’Estrétefonds (31). « Ce chapitre illustre ensuite, à travers trois cas, [...] les projets Grand Projet Ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO Bordeaux-Toulouse) et Poitiers-Limoges, que le processus de décision n’est que partiellement rationnel » Cour des comptes.
GPSO ? GPSO ! Derrière cet acronyme se cache un projet pharaonique à 14 milliards d’euros (en euros 2014) appelé « Grand Projet Ferroviaire du Sud-Ouest ». Il consiste à créer une ligne de chemin de fer à grande vitesse, en parallèle aux voies ferrées déjà existantes (TER, Intercités, fret) entre Bordeaux et Toulouse, avec un embranchement vers Dax.
Seules quatre villes seront desservies : Bordeaux, Agen, Montauban et Toulouse. Ce seul tronçon Bordeaux-Toulouse aura une emprise totale de 6300 ha, dont 1500 ha de terres agricoles, 3000 ha de forêts et 370 ha de zones humides seront détruites et/ou artificialisées.
Pour lutter et informer sur ce projet inutile (1 heure de « gagnée » entre Toulouse et Paris), des « écureuils » du GNSA (Groupement National de Surveillance des Arbres) ont commencé à s’installer dans les arbres menacés sur le tracé, le 31 août à Castelnau-d’Estretefonds près de Toulouse au niveau de l’écluse n°7 du Canal du Midi. A cet endroit précis, les arbres seront abattus pour la construction d’un viaduc de plus de 400 m de long pour la LGV. Il enjambera la N20, le canal, les voies ferrées existantes ainsi que l’Hers (un affluent de la Garonne) et posera ses délicats piliers en béton sur le terrain d’une station de pompage d’eau potable alimentant le nord de Toulouse…
Le 19 septembre, le GNSA a passé le flambeau à d’autres écureuils, pour certains venus de la lutte contre l’A69. Ils ont fait leurs nids dans les platanes, frênes et autres chênes devant être coupés. Une vingtaine de personnes vivent sur place. Cet endroit, baptisé « La Guinguette Vaillante », sert de base arrière aux écureuils, mais aussi de point d’accueil et information. Des pancartes renseignent le public sur le GPSO et invitent les cyclistes, nombreux sur les berges du canal, et les promeneurs à venir boire un café et discuter avec les opposants. Un autre lieu s’est également monté à proximité : le « Château ».
Les écureuils, comme sur l’A69, bénéficient de l’aide de personnes au sol ainsi que d’habitants amis pour stocker du matériel de grimpe, tracts, affiches, etc. En témoigne ce message reçu par un des écureuils du GNSA :
« J’habite de l’autre côté du canal, en face des courageuses personnes qui sont dans les arbres, je voudrais leur adresser tout notre soutien et leur dire que nous les admirons ». Les gendarmes aussi sont déjà venus à plusieurs reprises sur la zad… et se sont même vus offrir le café !
D’importantes coupes sont prévues pour le week-end du 9 au 11 novembre. A priori, une cinquantaine d’arbres devaient être abattus, la SNCF interrompant toute circulation « du samedi 9 novembre 13h20 au lundi 11 novembre 13h15 » (sic). Donc pas de trains vers Toulouse venant du nord : Bordeaux, Paris, Brive, etc. Cependant, une source proche du dossier a informé les opposants que ce n’était pas 50 arbres qui étaient visés mais plus de 300. En effet, tous les arbres d’alignement entre l’écluse de Saint-Jory et celle de Lespinasse, soit 2 km, sont concernés.
Souci : cet abattage serait illégal car il n’y a eu aucun dépôt de demande de dérogation, pourtant obligatoire, pour la coupe de ces arbres d’alignement. Les Amis de la Terre, le GNSA et LGV Non Merci ont déposé un référé auprès du tribunal administratif de Toulouse. Celui-ci doit être jugé vendredi 8 novembre dans la matinée. De plus, les abattages vont avoir lieu de jour comme de nuit. Quid des riverains ?
Dans l’attente du jugement, pour ralentir le chantier et informer, la « Guinguette Vaillante » organise ce week-end-là deux jours de mobilisations, discussions avec repas partagés, ateliers pour les enfants et initiation grimpe…
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