Mercredi 15 mars, le fleuve Whanganui a été reconnu « personnalité juridique, avec tous les droits et les devoirs attenants » par le Parlement néo-zélandais. Il s’agit d’une première mondiale et d’une victoire pour la tribu des Maoris qui lutte depuis plus d’un siècle pour la reconnaissance des droits du fleuve.
L’esprit du Whanganui
Le Whanganui (aussi appelé Te Awa Tupua par les Maoris) est le troisième plus grand cours d’eau de la Nouvelle-Zélande. Chargé d’une longue histoire avec les Maoris, il est considéré par ceux-ci comme un taonga, un trésor. Depuis les années 1870, la tribu locale, l’iwi Whanganui, se bat pour la reconnaissance des droits du fleuve. Ce mercredi, on leur a enfin donné raison en reconnaissant par cette législation « la connexion profondément spirituelle entre l’iwi Whanganui et son fleuve ancestral ».
Te Awa Tupua Bill
Le fleuve Whanganui a obtenu sa propre identité légale, avec tous les droits, devoirs et responsabilité attenantes. Le « Te Awa Tupua Bill » a été validé par le Parlement en troisième lecture et deviendra effectif une fois signé par le Gouverneur général. Au-delà du simple statut juridique, le Parlement néo-zélandais lui a reconnu le titre d’« entité vivante », honorant par-là autant son histoire pour le pays que son statut particulier pour les Maoris.
Défendu à la fois par le gouvernement et par la tribu locale
Concrètement, la reconnaissance de ce statut juridique au cours d’eau permettra à tout droit dont dispose légalement une personnalité juridique de s’appliquer au fleuve (le droit d’expression par exemple). Pour faciliter les échanges entre cette personne légale et la justice ou le gouvernement, la loi a créé un bureau, le Te Pou Tupua, qui s’occupera de « la face humaine » du fleuve. Deux personnes défendront ainsi les droits du fleuve : un avocat représentant la tribu de l’iwi Whanganui et un second représentant le gouvernement. Il ne s’agit pas pour autant d’une privatisation du fleuve, et les droits de navigation ne seront pas affectés par ce changement de statut.
Au nom de l’environnement
La couronne a accordé une somme de 80 millions de dollars néo-zélandais (52 millions d’euros) au titre des frais de justice et une somme de 30 millions de dollars (19,6 millions d’euros) pour améliorer l’état du cours d’eau. Si la reconnaissance du statut de « personne légale » pour un fleuve est une première mondiale, la Nouvelle-Zélande avait déjà reconnu au parc national de Te Urewera ce même statut en 2014. La bonne nouvelle est que ce statut permettra désormais au fleuve de conduire des actions de justice directement contre les pollueurs, sans avoir recours aux dommages physiques provoqués sur d’autres personnes.
Crédit Photo : James Shook
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