À 34 ans, Romain Zamboni a ouvert la première microbrasserie solaire de France, Hélie, à Dampierre-les-Bois dans le Doubs. Là-bas, à l’aide de panneaux et de concentrateurs solaires, mais aussi beaucoup d’ingéniosité, il propose plusieurs sortes de bières, toutes confectionnées grâce à l’énergie du soleil.
La première brasserie solaire de France
Ingénieur en conception mécanique de formation, Romain Zamboni s’intéresse il y a quelques années au brassage de bières, classique, mais aussi, en parallèle, au mécanisme de production d’énergie solaire sous forme thermique.
« Je me suis fait la réflexion que ce type d’énergie n’était vraiment pas beaucoup utilisé alors qu’il était pourtant bien disponible. Petit à petit, l’idée m’est venue d’associer les deux », explique Romain Zamboni à La Relève et la Peste.
En effet, pour fabriquer de la bière, il est avant tout nécessaire de faire chauffer de l’eau. Beaucoup d’eau. Ce qui demande une énergie thermique conséquente, mais pas nécessairement quotidienne. Une particularité qui convient donc parfaitement à l’intermittence proposée par l’énergie solaire.
Partant de ce constat, il y a 3 ans, Romain recherche alors le local idéal, exposé au soleil, où faire ses premiers essais en conditions réelles. C’est finalement à Dampierre-les-Bois, en Franche-Comté, que le Doubien déploie son matériel en 2022.
La construction d’un concentrateur solaire
Après des travaux d’aménagement et l’installation de son équipement, le tout via ses propres fonds, la production peut débuter. Un protocole bien précis se met alors en place. Première étape : l’empatage. Il consiste à mélanger des céréales, du malte d’orge ici, avec de l’eau chauffée à 66 degrés, grâce aux 3 panneaux solaires présents sur le site, et d’en extraire l’amidon y étant contenu. Ce dernier va ensuite fermenter et donnera, à terme, le degré d’alcool de la bière.
« La particularité de cette installation est qu’elle fonctionne en thermosiphon, c’est-à-dire que la cuve de stockage d’eau chaude est en hauteur et les panneaux sont au sol. Cela permet une circulation naturelle qui se met en place à partir du moment où l’eau est plus chaude dans les panneaux que dans la cuve, ce qui permet de se passer de pompe et d’organes de régulation », précise Romain Zamboni pour La Relève et la Peste.
Une fois l’étape de l’empatage effectuée, on obtient donc un jus sucré, ce que l’on appelle le moût de bière, nécessaire ensuite de porter à ébullition. Or les panneaux solaires thermiques seuls ne sont pas capables d’atteindre la température souhaitée. Pour cette étape, à laquelle le houblon est ajouté, Romain utilise alors un concentrateur solaire, qu’il a élaboré à partir de plans de la société Lytefire.
« C’est une surface composée de petits miroirs, chacun orienté de manière à envoyer la lumière du soleil au même endroit. Par ce principe, on obtient un phénomène de concentration de la lumière et l’on atteint des températures pouvant être très élevées », ajoute le brasseur pour La Relève et la Peste.
Une fois l’ébullition atteinte, Romain transfère le moût de bière en fermenteur, qui y restera pour 3 à 4 semaines. Là, le moût est refroidi, et les levures, nécessaires à la bonne fermentation, y sont ajoutées.
Le concentrateur solaire
Des fonds pour plus de puissance
« Ensuite, on peut réaliser le conditionnement en bouteille ou en fût, puis compter deux semaines d’une nouvelle fermentation, afin qu’une petite quantité de gaz soit présente dans la bouteille », ponctue Romain Zamboni.
Aujourd’hui, Romain n’utilise cependant pas sa brasserie à sa pleine capacité. Chaque brassin lui permet de sortir 300 bouteilles. Le brasseur va donc acquérir un concentrateur solaire doté d’une plus grande surface, lui permettant de faire bouillir 500 litres de bière par jour de soleil, contre 150 actuellement. Avec 4 futurs brassins, Romain pourra donc produire 1200 bouteilles de bière.
Les bières, proposées en vente directe mais aussi disponibles dans des petites épiceries et magasins locaux, sont à la fois blondes, rousses, blanches au romarin et IPA. Dans quelques mois, à l’occasion des fêtes, la bière de Noël, produite à l’énergie solaire, sera elle aussi disponible.
« La plupart du temps, les bières plaisent plutôt aux gens et je suis content du résultat, parce que malgré le concept cela aurait pu ne pas être le cas. Lors du week-end anniversaire, j’ai réalisé des portes ouvertes et les gens sont très intéressés par la façon dont cela fonctionne. Et notamment de voir que si l’on place un morceau de bois au niveau du foyer, il va commencer à s’enflammer en quelques secondes », précise Romain Zamboni.
Une fois le nouveau concentrateur qu’il espère terminer au début de l’été prochain, notamment grâce au financement participatif, Romain souhaite documenter ses techniques de montage et travail afin de les partager en open source.
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