Depuis le 1er septembre, perché dans un grand pin, à Saint-Germain-des-Prés (Tarn), l’arboriste-grimpeur Thomas Brail a commencé une grève de la faim contre l’abattage des arbres sur le tracé de la décriée autoroute A69 Toulouse-Castres. Il ne s’alimente que de jus de citron, eau et miel.
Suite au déploiement démesuré de forces de gendarmerie le 29 août à Vendines (Tarn) pour protéger la destruction de platanes centenaires par la société Soins Modernes Des Arbres sur le tracé de l’A69 et l’impossibilité pour les opposants d’intervenir, Thomas Brail s’est mis en grève de la faim.
A l’entrée de l’allée, à Saint-Germain-des-Prés près de Castres, un panneau annonce « Soutien à Thomas B, en grève de la faim ». Entouré par les arbres, Thomas, l’air fatigué mais tenace, des grimpeurs et des soutiens venus passer quelques moments avec eux. Les pins et platanes qu’ils occupent doivent être détruits pour l’autoroute.
L’arboriste explique sa grève par un lapidaire « Aujourd‘hui, il n’y pas d’autre moyen de se faire entendre, on n’est pas écoutés. Il y a clairement un problème avec le côté politique de cette autoroute A69 ». Il veut ainsi interpeller et faire enfin réagir les autorités politiques, particulièrement Carole Delga, présidente de la Région Occitanie et désormais farouche partisane de l’A69.
En effet, malgré l’avis négatif du CNPB (Conseil National de la Biodiversité), de la MRAe (Mission Régionale d’Autorité environnementale), de la consultation publique (90 % d’avis négatifs sur 6208 contributions), le gouvernement via Clément Beaune et la Région Occitanie ont décidé de poursuivre ce projet vieux de plus de 40 ans, quoiqu’il en coûte. Le cynisme actuel des politiques pousse un des soutiens de Thomas à penser :
«Même si Thomas meurt lors de sa grève, les travaux se poursuivront quand même contrairement à ce qu’il s’est passé à Sivens.» *
Thomas, ainsi que La Voie Est Libre (collectif opposé à l’A69) ne demandent qu’une chose : la suspension des travaux le temps que les trois recours sur le fond soient jugés.
« Je le vis trop souvent dans toutes mes actions en France, quand les recours sur le fond sont jugés, souvent au bénéfice des opposants, les travaux sont déjà finis et les arbres déjà tombés. », explique-t-il.
Il n’est pas seul dans sa lutte, déjà une quinzaine de grimpeurs veulent participer à son combat après avoir répondu à son appel et à celui de son association, le GNSA (Groupement National de Surveillance des Arbres). Solidaires, des grimpeurs belges et allemands ont également proposé de venir. Même si Thomas ne veut pas être le « chef », il ne nie pas avoir un rôle moteur. Cinq grimpeurs sont déjà présents à Saint-Germain-des-Prés :
« Ils donnent de leur temps de travail, de famille pour une lutte juste contre les destructions d’arbres, d’espaces naturels et de terres agricoles ».
Le grimpeur réaffirme sa volonté farouche de protéger les arbres et un futur décent pour son fils : « C’est mon fils qui va en pâtir, je n’ai pas envie de le voir se faire gazer à 20 ans lors d’une manifestation Climat ». Thomas se dit « prêt à aller jusqu’au bout » et prie les « décideurs » de ne pas douter de sa détermination. Certes, il confie que son moral a des hauts et des bas avec en fond la question « Pourquoi faire tout ça ? » mais le futur de son fils le remotive pour continuer la lutte et sa grève. Thomas a déjà dû resserrer sa ceinture d’un cran…
* En octobre 2014, Rémi Fraisse était tué par un gendarme sur le site prévu d’un barrage à Sivens (Tarn) entraînant l’abandon du projet peu après.