Loger des familles qui s’agrandissent dans le respect de l’environnement, c’est la promesse de la maison en pétales. Entièrement démontable, ce tout nouveau concept d’habitat léger possède des pièces – en forme de pétales – qui peuvent s’agglomérer et se détacher à tous moments de leur existence. Le tout premier exemplaire va être bâti en septembre en France grâce à un grand chantier d'apprentissage qui permettra aux curieux de se former.
Face à la difficulté grandissante de se loger et à la nécessité de stopper l’artificialisation des sols, de plus en plus de personnes se tournent vers l’habitat léger.
Cependant, ces structures généralement petites peuvent être trop exiguës lors de l’agrandissement des familles ou simplement la croissance des enfants. C’est ce qui est arrivé à Jonathan et Caroline, qui vivent avec leurs deux filles dans une yourte dans le Périgord Vert sur 10ha, au sein du collectif « Le Croissant Fertile ».
« Arrive un moment où une famille a besoin d’espaces cloisonnés et séparés. On a découvert la « maison nomade », un habitat léger démontable créé par Yves Desarzens. Le concept nous a plu et on a décidé de le contacter pour lui présenter notre problématique » raconte Jonathan Attias pour La Relève et La Peste
Après une semaine de remue-méninges avec Yves, les architectes Romane Dutour et Michel De La Fregeyre, ainsi que l’éco-constructeur Antoine Tabariès, un cahier des charges écologique et solidaire a été rédigé pour ce nouveau concept de « maison en pétales ».
« On reprend une maison nomade au centre, puis on crée une extension duplicable autant de fois qu’on le souhaite qui vient s’y greffer par l’extérieur. L’habitat est construit sur les mêmes principes que la maison nomade, à savoir une réflexion d’économie de matériaux, une simplicité de construction et donc d’accessibilité, et un coût de revient fort intéressant pour que chacun puisse bâtir son logement » explique Yves Desarzens pour La Relève et La Peste
Concrètement, la première maison pétales qui sera construite en septembre 2023 dans le Périgord Vert aura 5 pétales pour une surface totale de 85m2 (40m2 pour le centre et 9m2 par pétale, au nombre de 5). Les pétales serviront de salle-de-bain et chambres d’enfant, qui pourront être enlevées et données à d’autres maisons pétales lorsque les enfants partiront du foyer familial.
« Ce que j’adore dans cet habitat, c’est la poésie que cela va induire. L’habitat léger amène une forme de souplesse et d’humilité, cela va être renforcé par la forme de fleurs dans nos façons de vivre et dans nos mentalités. C’est un peu un rêve d’enfant qui se réalise, aller les uns chez les autres, agglomérer un pétale où on veut. L’utopie serait d’avoir des villages de maison en pétales sachant que toute la maison démontée est transportable dans un camion et nécessite très peu de quincaillerie » s’enthousiasme Jonathan Attias pour La Relève et La Peste
La maison-nomade d’Yves a servi de test, et a récemment vécu son 7ème remontage sur 12 ans de vie pour être implantée dans l’éco-centre des Hameaux Légers en Bretagne, ce qui lui a permis de la diagnostiquer dans le détail pour mieux connaître sa capacité de longévité. Il estime aujourd’hui sa durée de vie à un siècle.
Le chantier participatif de septembre va se décompenser en deux temps : les deux premières semaines seront des ateliers pour élaborer toutes les pièces, et les deux dernières semaines seront l’assemblage de la maison et l’aménagement intérieur.
Une campagne a été lancée pour participer à la construction du prototype : à partir de 50 euros de soutien, les participants reçoivent les plans, et dès 400 euros, ils peuvent participer à une semaine de chantier en étant encadrés. Le but du chantier est de former une douzaine de personnes à l’auto-construction, car Yves a réalisé que les gens ne s’étaient pas beaucoup emparés des plans en open-source de la maison nomade par manque d’expérience et de savoir-faire.
« Il y a un réel enjeu de transmission sur ce chantier. C’est super important de se réapproprier ces savoirs car j’ai vraiment vécu la joie de la rénovation et de la construction de maison, c’est très positif pour la confiance en soi et sa capacité d’autonomie » sourit Yves auprès de La Relève et La Peste
Si Yves s’est tourné vers l’habitat léger, c’est que sa longue expérience dans les chantiers de rénovation lui a montré la quantité de matériaux et de d’énergie grise qu’ils induisent. Surtout, l’habitat léger rend accessible à la plupart des ménages le fait de pouvoir se loger, un de nos besoins fondamentaux, dans une période où l’habitat a pris un coût absolument considérable ce qui fait qu’énormément de personnes se trouvent aujourd’hui en situation de mal-logement.
Enfin, l’habitat léger permet d’habiter respectueusement les campagnes et d’en finir avec les constructions en béton qui sont une catastrophe pour la nature.