La Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) a dressé un bilan des conséquences de la sécheresse historique du printemps et de l’été 2022 sur dix espaces naturels protégés et les espèces sauvages qui y vivent. Le constat est sans appel : la sécheresse a causé une grave perte à la faune et la flore des réserves naturelles en zone humide.
Selon l’étude, la très faible pluviométrie et une anomalie anticyclonique persistante ont eu de nombreux impacts sur les dix espaces naturels en zones humides gérés par la LPO en Charente-Maritime et en Vendée.
Les fossés et les zones humides ont subi des assèchements précoces et prolongés : la plupart des fossés étaient complètement asséchés dès le mois de juin. La LPO remarque la difficulté et parfois l’absence de développement des végétations terrestres et aquatiques.
La reproduction a été très faible pour certaines espèces d’oiseaux. Aucune n’a été observée chez la guifette noire dans la réserve naturelle régionale Marais de la Vacherie (Pays de la Loire), qui pourtant concentre l’essentiel des effectifs de l’espèce. La guifette noire est classée en danger sur la liste rouge nationale des oiseaux nicheurs.
La fréquentation de l’avifaune d’août à décembre a baissé. Aux réserves naturelles de Saint-Denis-du-Payré (Pays de la Loire) et du marais de la Vacherie, les effectifs d’oiseaux d’eau en migration étaient 19 fois moins importants en août 2022 qu’en moyenne sur les 5 dernières années à la même période (64 oiseaux par jour contre 1200 habituellement).
Les oiseaux ont ainsi beaucoup souffert de l’assèchement. Selon des propos rapportés par France Inter, pour Allain Bougrain-Dubourg, le président de la LPO, la baisse des niveaux d’eau est catastrophique pour les nombreuses espèces et leurs différents besoins :
« Pour bien gérer les populations d’oiseaux, il faut bien gérer le niveau d’eau. Vous avez des petits limicoles courts sur patte, il leur faut très peu d’eau. D’autres, qui vont nidifier sur des petits îlots. D’autres au contraire qui veulent des buttes comme les goélands, les laridés. À partir du moment où il n’y a plus d’eau, il n’y a plus de milieu favorable pour l’épanouissement des oiseaux. »
La reproduction a également été quasi absente chez certaines espèces d’amphibiens et d’insectes, comme le pélobate cultripède et le Leste à grand stigma de la Réserve de Moëze-Oléron. Les deux espèces sont classées respectivement vulnérables sur la liste rouge des reptiles et amphibiens et en danger.
La LPO conclut : « Combinés aux autres pressions déjà existantes (gestion économique des niveaux d’eau, prolifération des espèces exotiques envahissantes, agriculture intensive), des évènements de ce type plusieurs années de suite pourraient mettre directement en péril la survie de certaines espèces. »
Cette étude inédite démontre ainsi que le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité sont deux crises intimement liées qui doivent être traitées conjointement.
Ainsi, même si « les espaces protégés ne sont pas épargnés par les événements météorologiques anormaux, une gestion et une protection adaptées permettent à la biodiversité d’y être plus résiliente ».