Si les papillons sont bien connus pour leur rôle de pollinisateurs efficaces, d’autres atouts les rendent importants pour nos écosystèmes. Or, en France, en raison de l’industrialisation des pratiques agricoles dans les années 70 et 80, 200 espèces de papillons de jour ont disparu d’au moins un département sur les 301 vivant en France métropolitaine.
Des insectes bio-indicateurs de l’état de santé des milieux naturels
Les papillons constituent un groupe « ambassadeur » pour la biodiversité des insectes : l’évolution de ces populations témoigne de l’état de milieux où elles vivent.
Du fait de leur biologie particulière, les papillons sont très sensibles aux modifications de leur environnement. Par exemple, les chenilles tendent à se nourrir sur une seule ou quelques plantes spécifiques, appelées “plante-hôtes”.
Une abondance de papillons démontre donc que l’écosystème et l’environnement sont stables. Différentes variétés de papillons dans la même zone peuvent indiquer une plus grande variété de plantes et de pollinisateurs.
En Europe, les scientifiques les utilisent pour évaluer l’état de santé des écosystèmes. En les observant, ils déterminent la qualité de l’écosystème, la disponibilité des ressources alimentaires et l’état de la végétation.
Les zones remplies de papillons de jour et d’hétérocères (communément appelés papillons de nuit) sont des zones remplies d’autres invertébrés. Ils fournissent différents atouts environnementaux : ils ont un rôle de pollinisateurs, mais luttent également contre les nuisibles, et ils régulent la production végétale à travers l’alimentation des chenilles.
Ils constituent également un élément essentiel de la chaîne alimentaire : ils sont des proies pour les oiseaux, les chauve-souris, et les autres animaux insectivores.
Une disparition des papillons massive depuis les années 70 et 80
Plusieurs études ont d’ores et déjà démontré le déclin important des populations d’insectes partout en Europe. Des comptages ont révélé que les papillons européens ont subi de graves pertes d’espèces rares et spécialisées, qui ont disparu avant les autres, laissant les écosystèmes appauvris. Selon l’agence européenne pour l’environnement, 50 % des espèces ont disparu de nos prairies entre 1991 et 2011.
Cette extinction de masse est liée à différentes causes : la disparition, la transformation et la fragmentation des habitats, les pollutions et le changement climatique.
Les départements français ont en moyenne perdu 11 espèces de papillons de jour, mais les départements les plus urbanisés de France ont pour leur part perdu plus de 30 % de leurs espèces.
Les espèces qui déclinent le plus sont les espèces dites « spécialistes », qui dépendent d’un type de milieu particulier. Les espèces de prairie (pelouses sèches, prairies humides, clairières) sont particulièrement concernées.
A Paris, plus de la moitié des espèces de papillons ne sont plus observées. L’Hermite, ou Chazara Briseis, une espèce dépendant de pelouses sèches, a disparu dans 46 départements. Il est aujourd’hui classé comme espèce vulnérable par l’Union internationale pour la conservation de la nature.
Cette extinction rappelle que ces milieux sont aussi en déclin. La destruction des habitats est due au développement des routes et des zones urbaines, la fertilisation azotée, l’assèchement des zones humides, l’exploitation intensive des milieux et la pollution lumineuse.
L’évolution des pratiques agricoles et l’arrêt de l’artificialisation des milieux naturels sont aujourd’hui indispensables afin que les espèces de papillons puissent perdurer en France métropolitaine.
Sources : « Papillons de jour : 2 espèces de papillons sur 3 ont disparu d’au moins un département en France métropolitaine », 01/07/2022, l’Office français de la biodiversité / « La Liste rouge des espèces menacées en France, Papillons de jour en France métropolitaine », 07/03/2012