La crise que nous vivons actuellement en raison de l’épidémie de Covid-19 révèle les fragilités de nos sociétés. Si pour certains le confinement devient une occasion de retrouver l’essentiel, de se ressourcer, de reconnecter même avec leurs proches. Pour d’autres, il est un étage de plus dégringolé dans l’enfer de l’isolement. C’est le cas en particulier des personnes âgées.
Les Anciens ne sont pas intégrés dans un dispositif basé sur la production économique. La structure familiale de la famille nucléaire ne permet plus aux grands-parents de vivre avec leurs enfants et petits-enfants. L’éclatement des familles dispersées aux quatre coins rend pour certains les contacts physiques très peu fréquents.
Dans la situation de pandémie mondiale que nous vivons, les EHPAD ont fermé et interdit les visites. Ces visites qui sont pour les Anciens des moments de respiration, où ils retrouvent non seulement ceux qu’ils aiment, mais retrouvent aussi un rôle social, autre que celui d’assisté.
Ce sont aujourd’hui près de 600 000 personnes qui subissent la double peine.
Dès lors la question se pose : comment communiquer quand on ne peut plus se déplacer ? Si la crise a entraîné un boom de la consommation numérique des réseaux sociaux, avec les personnes âgées, il faut redoubler d’inventivité, car beaucoup ne peuvent pas manipuler les outils de communication à distance.
Un jour, en télécommunication pour prendre des nouvelles de Papi et Mamie, dix cousins âgés de 13 à 24 ans, dispersés sur plusieurs continents, se disent qu’il faudrait créer quelque chose pour ne pas laisser les personnes âgées dans cette situation. Mais comment utiliser la force de diffusion d’internet pour atteindre les personnes âgées ?
Ils créent « 1lettre1sourire » : Un site où ils proposent à chacun d’écrire une lettre, d’y joindre une photo et éventuellement le prix du timbre. La lettre est envoyée par mail, et occasionnellement par la poste, aux si EHPAD actuellement partenaires, et envoyées à des personnes capables de lire.
1500 lettres ont déjà été envoyées.
« Le virus tue l’amour. On ne peut plus frapper aux portes, mais on peut encore écrire, donner un sourire par des mots. Alors allons-y ! Ne perdons plus de temps, transformons notre confinement en source de joie. »
Ce projet permet de créer du lien entre des gens qui ne se connaissent pas, car on écrit ici à de parfaits inconnus. Dès lors, chacun en tant que membre d’une communauté nationale, redevient concerné par l’ensemble des Anciens, et non plus seulement par ses propres grands-parents. C’est un appel à se considérer comme autre chose qu’un individu replié sur son cosmos, ses intérêts, ses proches, mais comme un membre de quelque chose de plus grand, une société où chacun peut faire une différence.
Et cette leçon, nous la devons à dix personnes qui ont moins de 24 ans. À méditer…