Les femmes de La Relève et La Peste ont envie de fêter leurs 73 ans de citoyenneté. Le 21 avril 1944, les Françaises devenaient électrices et éligibles au même titre que les hommes. Une lutte ardue face au Sénat, de nombreuses désillusions et puis l’émotion du premier vote.
Spontanément évincées du droit civique comme si c’était une évidence. Les Françaises devront attendre plus d’un demi-siècle pour voter alors que depuis la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, les hommes peuvent le faire. À cette époque, seuls Condorcet et Olympe De Gouges s’étonnent que l’on puisse priver de droits civiques la moitié de l’humanité. « La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune » : Article 10 de la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges, précurseure du féminisme, morte guillotinée en 1793.

Une France divisée par…
Deux faces d’une même pièce, celle des audacieuses et celle des timorées, s’écoutaient alors sans s’entendre. Les femmes de la première face furent : Jeanne Schmahl avec la création en 1909 de l’Union Française pour le Suffrage de Femmes, soutenue par Jane Misme la directrice du journal La Française, Cécile Brunschvicg qui dirigea cette principale organisation de 1924 à 1946 comme secrétaire générale, Edmée de La Rochefoucauld qui à partir de 1927 dirigea l’Union National pour le vote des femmes, Marguerite Durand qui créa le journal La Fronde entièrement rédigé par des femmes, Maria Vérone qui devint la rédactrice et secrétaire de rédaction et qui œuvra en tant que présidente à la Ligue Française pour le droit des femmes, Louise Weiss, mère de l’Europe qui créa en 1918 le journal L’Europe Nouvelle afin de parler entre autres du droit de la femme, et qui se porta d’ailleurs en 1936 candidate aux législatives et protesta ainsi contre l’interdiction du droit de vote des Françaises. Et bien d’autres…
Mais comment et pourquoi les femmes de la seconde face ne s’insurgèrent-elles pas ?

La religion, à proprement parler…
Le système éducatif y est pour beaucoup, « l’éducation de la fille était d’harmoniser la religion » selon Michelet. L’école de la résignation dont étaient issues les arrière-grands-mères, les grands-mères, les mères a inculqué un catholicisme séculaire. Il était alors compliqué de sortir de cette soumission vis-à-vis des hommes mais aussi vis-à-vis du regard des autres, vis-à-vis des lois et du mythe d’Adam et Eve, prédicateur persuasif infligeant la non-conscience des rôles.
Le mariage de la femme à la religion
« La femme étant sous la tutelle et dans la dépendance de l’homme par le mariage, il est absolument impossible qu’elle présente des garanties d’indépendance politique, à moins de briser individuellement et au mépris des lois et des mœurs, cette tutelle que les mœurs et les lois consacrent », George Sand 1856 au Comité central. La femme ayant le rôle de la bonne épouse, celle qui travaille mais ne réfléchit pas, ne pouvait pas s’émanciper par un droit dont elle n’avait pas conscience. En Allemagne est née la règle des 3K symbolisant Kinder, Küche, Kirche, respectivement enfants, cuisine et église pour désigner la femme, et la France fût l’un des derniers pays a accordé le droit de vote à celles-ci.

« Un droit qui s’est gagné progressivement »
Comme Simone De Beauvoir l’a expliqué, en quelque sorte, dans Le deuxième sexe, le droit du vote de la femme est un droit qui s’est gagné progressivement. Le texte qui ne prévoyait qu’au départ l’instauration de l’éligibilité des Françaises est légèrement modifié par Fernand Grenier qui écrivit « Les femmes sont éligibles et électrices dans les mêmes conditions que les hommes. » Ce texte fût voté par 51 voix contre 16 et signé par le général De Gaulle le 21 avril 1944.
Et ce n’est pas terminé
Alors que certains membres de l’UMP comme Jean-François Mancel, Jean-Pierre Lecoq ou Eric Ciotti twittait en 2015, grosso-modo : « Merci au général De Gaulle car c’est grâce à ce dernier, qu’aujourd’hui, les femmes peuvent voter, il ne faut pas l’oublier », on se demande où en est le féminisme. Populairement, ce dernier se résume aujourd’hui au mouvement Femen qui signifie cuisse en latin. Elles luttent contre les deux seuls rôles proposés aux femmes notamment en Ukraine, en Biélorussie, en Turquie etc., celui de La maman et de la putain.

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