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Weocean : fédérer les initiatives pour sauver les océans

« Sur certains projets on se retrouvait à mettre en place des actions complètement aberrantes,  et on nous disait que c’était de la restauration écologique »

Tu sais, quand tu discutes avec tes collègues et que tu te rends compte que vous avez les mêmes frustrations. Que vous en parlez aux pauses déjeuner, sur le chemin du retour, ou dans des fins de soirées. Et le lendemain vous retournez au travail. Vous réalisez que vous avez finalement le même idéal. Alors, au lieu d’en rester là, tu te dis Pourquoi pas ?

Tu t’appelles Leslie, tu es océanologue et photographe naturaliste. Tu travailles à la protection des fonds marins, comme indépendante et parfois salariée. Tu t’appelles Élodie, tu es biologiste marin et ingénieur agronome. Vous formez un binôme et vous travaillez souvent en restauration écologique marine.

Crédit Photo : Leslie Bissey

Qu’est-ce que c’est ça ? C’est simple, et en même temps peu connu : quand l’humain fait des travaux qui détruisent l’habitat marin, par exemple agrandir un port ou des constructions sur le littoral, des spécialistes sont appelés pour effectuer des études d’impact, prévenir des dangers, conseiller pour avoir la structure la moins polluante. En bref, elles essayent de limiter les dégâts.

« Sur certains projets on se retrouvait à mettre en place des actions complètement aberrantes, et on nous disait que c’était de la restauration écologique »

À force d’écouter cette petite voix intérieure qu’on appelle la conscience, tu te rends compte que dans ce cas tu contribues finalement à détruire le milieu marin en appelant cela de la restauration écologique. Tu te rappelles ton idéal, ce pour quoi tu es dans cette profession.

Que faire ? Donner un coup de talon à ton sens critique, car il faut bien bouffer ? Continuer et se taire ? Pester par derrière lors des pauses café et retourner entretenir ce que tu ne peux combattre ? Dénoncer ? Tout lâcher ? Tu commences à parler dans les réunions, et puis tu te fais vite remettre à ta place. Devant les constats partagés par les collègues mais ignorés par l’ordre en place, tu imagines autre chose. Ça prend forme, c’est beau dans ta tête. Mais il faut trouver le coéquipier.

« Beaucoup d’initiatives sont déjà mises en place à travers le monde pour mieux comprendre, utiliser durablement, protéger et restaurer. WeOcean, c’est le projet de créer un lien entre ces porteurs d’initiatives, les acteurs du milieu et le grand public pour faire de l’Océan un élément familier et accessible, afin de mieux l’appréhender et le respecter. »

Crédit Photo : Leslie Bissey

Voilà l’idée : ne pas créer un autre projet parmi d’autres, un nouveau film sur de belles initiatives, mais fédérer. Leslie et Élodie ont vite constaté, sur le petit territoire qu’est la Méditerranée française, que beaucoup de projets se ressemblaient sans se connaître

« Chacun reste dans son coin. On a pu voir des gens qui, en Paca et en Languedoc, avaient le même projet de développer une application pour cartographier les déchets plastiques. Cela veut dire double budget, perte d’énergie et reprise à zéro »

Ce que Leslie et Élodie ont constaté, c’est la limite des colibris. Le je fais ma part, s’il devient l’horizon individualiste qui rassure, ne saurait suffire. Avant de fédérer, Weocean veut recenser les initiatives. C’est ainsi que Leslie et Élodie ont acheté un voilier et sont parties cinq mois en Méditerranée française pour filmer les initiatives de défense et de protection de l’océan. Elles se sont souvenues que deux femmes seules sur un bateau, c’est une posture à défendre, quand on leur demande à l’arrivée dans un port « Où est le skipper ? »

Crédit Photo : Leslie Bissey

Elles tireront de cette aventure un film et un livre. Ensuite, il faudra bâtir un réseau. Mais pour ne pas être encore une plateforme parmi d’autres où chacun reste finalement dans sa coque, elles travaillent surtout à créer du lien directement, en mettant en lien les porteurs de projets qui pourraient s’étendre ou se compléter.

« Ce qu’il reste à faire, c’est le travailler-ensemble.»

Si les initiatives incluant les citoyens foisonnent, comme par exemple la science participative, où les citoyens amateurs de nature peuvent contribuer par leurs propres observations au recensement de la faune marine, les porteurs de projets, eux, restent souvent confinés dans leur bulle. Pourtant, travailler à une cause exige d’être toujours à l’affût de ceux qui y travaillent aussi, pour mutualiser les efforts et les savoir-faires, et être plus efficaces. Pourtant, elles se heurtent parfois aux réticences du partage de la connaissance.

« Certaines personnes  préfèrent rester dans leur projet. Chacun se bat pour sauver sa structure, pour trouver des fonds. À force, on en arrive parfois à ne plus forcément servir la cause. »

Elles luttent contre le réflexe individualiste que l’on retrouve non seulement dans la protection du vivant mais aussi dans les mouvements sociaux comme dans les initiatives de modes de vie alternatives, mais aussi dans les publications et dans l’éducation.

Quel modèle économique trouver pour un tel projet ? Leslie et Élodie connaissent trop bien les difficultés et les dangers de dépendre de financements. Elles ont choisi de continuer à travailler en indépendant et de faire une levée de fonds pour financer leur film. Le voilier est un formidable outil de communication et développe chez les gens un imaginaire.

Crédit Photo : Leslie Bissey

Pourtant, comme elles l’admettent elle-mêmes, il n’y a rien d’écolo dans un bateau : une coquille de plastique, et un moteur qu’on doit utiliser souvent en Méditerranée où le vent est timide. Mais ces ambassadrices seront plus efficaces à sillonner la Méditerranée en rencontrant les plaisanciers pour faire de la sensibilisation et des spécialistes pour ensuite les relier, que si elles restaient à quai.

« Nous voulons que les gens se disent que plein de gens font plein de choses, qu’ils puissent s’émerveiller encore, et qu’ils nous suivent dans cette aventure. »

Leslie et Élodie ont fait du constat des limites de leur travail, un moteur pour aller plus loin. Elles sont en train de se créer l’emploi de facilitateur d’initiatives. Weocean, c’est un projet en devenir, qui se gonflera de la confiance que les gens y mettront. Que chacun puisse contribuer à relier les semeurs du changement et à en faire une nouvelle force. Parce que nous sommes tous redevables à l’océan, et que si nous l’oublions, nous risquons bien de nous perdre. 

Alors, dans la recherche du bonheur et de ma juste place dans ce monde, j’avance, petit à petit vers un rêve, celui de voguer sur cet élément qui m’est si cher et d’essayer d’y ajouter la goutte d’espoir et de conviction à l’évolution vers un futur plus respectueux de cette planète bleue.

Pour suivre et encourager le projet : weocean

Sarah Roubato

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