On ne s’entend plus penser ces temps-ci. Le divertissement médiatique nous captive, l’actualité politique nous démotive, les impératifs de la vie nous poursuivent ; et pendant ce temps, une pluie d’étoiles filantes rare, appelée « êta-Aquarides » passe au-dessus de nos têtes. Les « 10 commandements de l’homme moderne » éclipsent sans doute le phénomène : La voiture au garage tu amèneras, la machine à laver tu répareras, le dernier smartphone tu te procureras, au supermarché tu te rendras, et ça n’en finit pas… « J’ai pris les choses et les choses m’ont pris » dixit notre Jean-Jacques Goldman national. Et si la solution c’était l’épuration ? Voici les conseils de Fumio Sasaki pour se libérer du fourbi et apaiser son esprit.
Aujourd’hui, il y a tout autour de nous une espèce d’évidence fantastique de la consommation et de l’abondance, entrainée par l’offre pléthorique d’objets, de services, de biens matériels… « À proprement parler, les hommes de l’opulence ne sont plus tellement environnés, comme ils le furent de tout temps, par d’autres hommes, que par des objets » disait Jean Baudrillard en 1970. Contrairement à la période des Trente glorieuses, le « vouloir d’achat » est en progression tandis que le « pouvoir d’achat » est en berne, ce qui conduit à un déséquilibre grandissant et à la frustration.

« Donnez-lui toutes les satisfactions économiques, de façon qu’il n’y ait plus rien à faire qu’à dormir, avaler des brioches et se mettre en peine de prolonger l’histoire universelle. Comblez-le de tous les biens de la terre, et plongez-le dans le bonheur consumériste jusqu’à la racine des cheveux. De petites bulles crèveront à la surface de ce bonheur, comme sur de l’eau. » Dostoïevski
On a tendance à croire que la « décroissance » ou la « déconsommation » sont synonymes d’une terrible austérité… Au contraire, c’est un chemin joyeux à entreprendre. Pourquoi ne pas soigner notre qualité de vie, plutôt que de s’affairer autour de nos bricoles domestiques ? Se déposséder, c’est se soulager ! « Ce sont les choses qui finissent par nous posséder, on est obligé de passer un temps fou à s’en occuper. C’est une source de stress dont on peut se passer » explique Cyril Dion, coréalisateur du film Demain.

« Dorénavant, mes dépenses ne concernent plus des choses matérielles mais des « expériences » » se confie Fumio Sasaki, ancien collectionneur compulsif. Ce jeune japonais découvre le concept du « minimalisme » en 2014. Depuis, cette philosophie l’a poussé à changer radicalement de mode de vie, et l’a passionné à tel point qu’il en a fait un livre : Au revoir les choses. L’hyper consommation est un support bien fragile pour se construire une identité et trouver un sens à son existence. « J’avais l’habitude d’acheter beaucoup de choses en pensant que toutes ces possessions augmenteraient l’estime que j’avais de moi-même », et il ajoute : « Une fois l’achat effectué, la joie disparaissait. Je pensais continuellement à ce que je ne possédais pas encore, à ce qu’il me manquait ».
Aujourd’hui, dans le dressing de Fumio Sasaki, on peut trouver quatre t-shirts, trois chemises, quatre pantalons, quatre paires de chaussette. Il en est certain, vivre avec moins rend plus heureux ! « Pourquoi une telle ascèse ? » se demanderont certains. À cette question, Fumio Sasaki évoque le temps. Les choses, dit-il, aspiraient son énergie et ses heures. Dorénavant, faire le ménage ne lui prend que quelques minutes et son déménagement peut être bouclé en moins d’une heure. « Il ne s’agit pas de décroitre pour décroitre, mais d’associer une façon de vivre extérieurement plus « pauvre » avec un intérieur plus riche » précise Emeline de Bouver, auteure de Moins de biens, plus de liens.

Pour vous y mettre, il vous suffit d’avoir en tête une question toute bête : « En ai-je vraiment besoin ? » lorsqu’une vitrine réveille votre fièvre acheteuse, ou « est-ce indispensable ? » face à un objet qui, manifestement, vous encombre plus qu’il ne vous est utile. En théorie c’est une formule magique, ne reste que la volonté de la mettre en pratique.

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