Alors que cette semaine doit être votée la loi de moralisation de la vie publique, dont on connaît bien l’importance, les suspensions de séance s’enchaînent à l ‘Assemblée. Entre les votes « par erreur » de la majorité LREM, l’incompétence de la présidente de la séance du 25 juillet, Danielle Brulebois, qui a dû essuyer de nombreux rappels au règlement, ou encore les départs fracassants de certains députés excédés par le déroulement des séances, l’Assemblée nationale semble s’être transformée en une sorte de cour de récréation où la cacophonie règne en maître.
Si vous êtes en quête d’un show de téléréalité, n’attendez pas plus longtemps, foncez sur LCP où les députés sont en plein vote pour la loi de moralisation de la vie publique. Autant dire qu’on ne s’ennuie pas. Malheureusement on désespère aussi de voir un texte qui aurait dû « fédérer » ou du moins être étudié avec attention et parcimonie par les députés, être déchiqueté de la sorte.
Au micro de franceinfo ce matin, Philippe Pascot n’a pas caché sa colère à l’égard du déroulé général des événements. Il considère honteux qu’un texte qui avait été voté à l’unanimité par tous les groupes le 1er février et qui devait simplement passer au Conseil constitutionnel avant d’être ratifié, ait connu un tel sabordage par la Garde des Sceaux et le ministre Ferrand sous prétexte d’un « risque important d’anticonstitutionnalité ».
Aujourd’hui soumis au vote des députés, le texte subit des modifications, notamment sur la question de l’obligation d’avoir un casier judiciaire vierge : pour Philippe Pascot c’est simple, « Monsieur Ferrand se couvre ».
« Un casier judiciaire vierge c’est un critère d’éligibilité mais on l’a confondu avec une peine d’inéligibilité. Ces gens-là nous manipulent. »
En effet, alors que le candidat Macron s’était engagé à instaurer un casier vierge pour les élus, il apparaît désormais que seuls certains crimes et délits (délits financiers, sexuels ou incitations à la haine) mèneront obligatoirement à l’inégibilité. La raison avancée de cet amendement surprenant – qui retire à la loi toute sa force disons-le – est qu’elle encourait le risque d’anticonstitutionnalité. Or, aucun avis du conseil constitutionnel n’a encore été rendu puisque l’exécutif a préféré faire passer ce texte de loi à l’examen des députés.

Et cet examen n’est pas sans faire de remous. Les séances sont extrêmement tendues et l’agacement des députés de l’opposition devient de plus en plus amer. Sans vouloir faire de faciles attaques ciblées, il faut bien dire que le comportement des députés d’En Marche laisse perplexe. Mardi 25 juillet, alors que la séance était présidée par Danielle Brulebois (LREM), certains députés ont fait éclater leur colère devant les nombreux manquements aux règlements qui ont rythmés la séance.
« On est dans un débat de moralisation de la vie publique et, franchement, délibérer dans des conditions de débats pareilles est proprement ahurissant » (Delphine Batho)
En effet, à plusieurs reprises la présidente de séance a manqué de donner la parole aux députés qui avaient soumis un amendement et qui cherchaient à le défendre face aux opposants. Excédé, Jean-Louis Bourlanges quittera même les bancs de l’Assemblée sous les applaudissements de l’opposition.
Après une suspension de séance, Olivier Dussopt (Nouvelle Gauche) a observé que « la confusion dans laquelle nous travaillons depuis cette nuit et encore ce début d’après-midi fait que notre Assemblée s’approche assez dangereusement de la ligne qui sépare le respect du principe de clarté et de sincérité du débat de la ligne de l’irrespect. » C’est aussi ce qu’a dénoncé André Chassaigne (PCF) :
« C’est incroyable. Non seulement, on a affaire à un rouleau compresseur où l’opposition ne peut pas s’exprimer correctement et aller jusqu’au fond de ce qu’elle propose. Mais en plus, il y a une confusion qui, à mon avis, est une confusion entretenue. »
A cette organisation délirante, on peut ajouter le vote « par erreur » de la majorité qui imposait aux ministre la transparence fiscale aux « impositions de toute nature », et non plus au seul impôt sur le revenu et impôt sur la fortune, explique Le Monde.

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