À 26 ans, Florent Conti a fait le choix de devenir SDF. Ça vous parait insensé ? Si on s’en tient à une définition en « bonne et due forme », ce jeune homme est officiellement « sans domicile fixe ». Ce qui peut surprendre d’avantage, c’est que Florent est très heureux de sa condition.
Comme tout le monde depuis l’enfance, Florent squatte les bancs d’école afin de se préparer à l’accomplissement de sa vie, trouver un « gagne-pain ». Pour ce faire, il faut savoir rentrer dans le moule « bien comme il faut », et après la digestion de longues années de formation, quitter le parcours scolaire avec un seul objectif en tête : travailler ! « C’est une affaire de vie ou de mort… dégotter un poste ! Pourquoi au juste ? Pour payer mon loyer ? Pour payer mes pizzas surgelées ? » s’interroge le jeune homme.

Malgré toutes les questions existentielles qui se bousculent dans sa tête, Florent fait ses premiers pas dans le monde impitoyable du travail. Tout se passe comme prévu et son entourage est très fier de sa nouvelle identité professionnelle. Tout naturellement, Florent s’installe dans son premier appartement, et sa vie de jeune indépendant se met en place doucement.
Dorénavant bien embarqué dans son « train-train », Florent réalise que les journées se suivent et se ressemblent tristement. Tout est réglé du lever au coucher, le jeune homme se lasse de la redondance de son quotidien. Sur la pente glissante du consumérisme exacerbé, Florent prend conscience que la vie perd de son sens. Il se retrouve face au dilemme : continuer sur le chemin de la résignation ou décider de tout plaquer. La première option promet d’entretenir cette vie de « confort inconfortable », tout comme une intraveineuse maintient les semi-vivants dans un coma artificiel.
La seconde alternative, c’est le rejet pur et simple ! Après tout, qui a décidé qu’il fallait vivre ainsi ? Pourquoi se féliciter chaque jour d’endurer une forme d’esclavagisme volontaire alors qu’en cherchant bien, les clés d’une vie plus épanouie sont à portée de main.
« Au fond, je n’ai jamais aimé les adaptés, ceux qui s’acclimatent à une vie carencée. J’ai toujours raffolé des furieux qui ont le courage de rêver les yeux ouverts et de rebattre les cartes avec fierté. » Alexandre Jardin
Pendant des années, nous préparons cette vie de confort embarrassé et embarrassant. Il faut presque tout autant de temps pour préparer la sortie de cette vie et savoir ce que l’on veut vraiment. Systématiquement, nous nous arrangeons à tout prévoir et à tout préparer afin de ne jamais tomber dans l’improvisation. Nous sommes si habitués à “pré-produire” toute une vie, que le contrôle de notre existence excuse notre cruel manque de liberté.

Après délibération, les bonnes résolutions sont vite mises en pratique. Fini la rengaine de la petite vie bien rangée. C’est dans un van que Florent veut faire sa vie, dans un Dodge Roadtrek 170 pour être précis. Le confort est spartiate, mais largement suffisant. « Je me suis rendu compte que partout est vite devenu ma maison » explique-t-il aux plus sceptiques. Depuis, le jeune homme apprend la sagesse du « laisser vivre ». C’est à dire « prendre ce qui vient et laisser ce qui s’en va ».
“Si on m’avait dit à ma sortie d’études que je trouverais ma place et vivrais des moments heureux en habitant dans un van. Que je vagabonderai entre le fleuve St-Laurent à la côte Pacifique, de Toronto à l’Atlantique à travers des neiges et des amitiés d’un jour, en possédant moins de cent choses, en vivant les canicules d’Août et les nuits glacées du printemps boréal … Si on m’avait dit que ma vie serait une remise en question de toutes mes valeurs, de tout mon avenir, de ce que veut dire « être humain ». En fait personne n’aurait pu me le dire. Personne ne peut vous dire ce qui vous rend heureux, car être heureux, c’est savoir équilibrer les vagues de hauts et de bas qui vous hantent, car la vie n’est que des essais et des erreurs, et que c’est par soi-même qu’on devient soi-même.”

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