Dans de très nombreuses rues parisiennes des panneaux publicitaires JCDecaux trônent sur les trottoirs. Ce mardi 6 février 2018, le Conseil d’Etat a mis fin à ce règne en jugeant que l’accord entre l’entreprise française et la Mairie de Paris ne pouvait s’émanciper des règles de mise en concurrence. Les 1630 panneaux devront donc être enlevés et les rues parisiennes débarrassées, pour un temps, de cette pollution publicitaire.
Dans une société où la publicité est absolument partout, en témoigne ce couloir surréaliste de publicité à Châtelet, cette nouvelle fait plaisir à entendre. Les panneaux publicitaires, pour la plupart des « sucettes », de la marque JCDecaux vont être, d’ici 2019, retirés des trottoirs parisiens. On peut cependant regretter que cet évènement ne soit pas une décision politique prise par la Mairie de Paris mais une sanction imposée par le tribunal administratif et validée par le Conseil d’Etat.
En effet, le partenariat entre la ville de Paris et l’entreprise française n’a pas respecté les règles de concurrence du marché publicitaire. C’est ce non-respect qui a engendré une sanction et ainsi mis fin à cette collaboration. A droite, on déplore les pertes financières engendrées par cette décision qui risque de priver la capitale d’un budget de 40 millions d’euros. Mais cette sanction est aussi l’occasion de voir ce que certains appellent de leurs vœux depuis de longues années : une ville sans publicité.
Cela a déjà été mis en pratique à Grenoble où le maire écologiste a fait retirer tous les panneaux publicitaires présents sur les trottoirs de la ville iséroise, expérience qui apparaît comme plutôt réussie. Thomas Bougenot, membre de Résistance à l’agression publicitaire se félicite ainsi dans Le Parisien d’avoir enfin une possibilité de « démontrer qu’une ville sans publicité est beaucoup plus vivable ». Lily, une jeune parisienne, regrette de son côté le fait qu’il n’y ait plus du tout d’affichage :
« Je trouve dommage que ces panneaux soient totalement supprimés, ils permettaient de se tenir au courant des activités culturelles comme par exemple des expositions à venir ».

Photo : Jean-Louis Zimmermann (flickr)
Et elle n’a pas tort. Cette suppression des « sucettes » intervient à l’issue d’une sanction judiciaire et aucune alternative n’a donc été prévue pour les promotions culturelles, à l’inverse de Grenoble où la ville avait anticipé ce manque en mettant en place des « panneaux d’affichage libre ».
La lutte contre les panneaux publicitaires est une lutte idéologique contre l’incitation à la consommation de masse mais également une lutte écologique. Ces panneaux utilisent en effet une quantité non négligeable d’énergie du fait qu’ils sont éclairés toutes les nuits. Leur suppression est donc une bonne nouvelle pour la planète. Le prochain appel d’offre pour de tels panneaux aura lieu en 2019. On espère qu’il ne sera pas remporté par une entreprise qui compte, comme à Rennes, mettre en place des panneaux numériques, panneaux qui consomment, comme le rappellent très justement des militants écologistes, un niveau d’énergie semblable à un foyer de quatre personnes.

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