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Les végétaux : grands laissés-pour-compte de la médiatisation des extinctions massives

Une étude menée par deux chercheurs de l’université de Stanford et un chercheur de l’université de Mexico l’affirme : l’époque que nous vivons ressemble bien à une sixième extinction de masse. Notre espèce est en train de réussir le tour de maître d’escamoter 114 fois plus vite qu’en 1900 les autres espèces qui vivent sur la […]

Une étude menée par deux chercheurs de l’université de Stanford et un chercheur de l’université de Mexico l’affirme : l’époque que nous vivons ressemble bien à une sixième extinction de masse. Notre espèce est en train de réussir le tour de maître d’escamoter 114 fois plus vite qu’en 1900 les autres espèces qui vivent sur la planète. Et ce qui est inquiétant et peu médiatisé, c’est que la décroissance des populations touche également des espèces communes comme le chardonneret par exemple. Et les plantes de tous genres, notamment les céréales (qui constituent tout de même la base de notre alimentation).

Les céréales, pas assez sexy pour être sauvées ?

Les éléphants, les tigres, les dauphins sont sous le feu des projecteurs, mais il ne faut pas pour autant négliger la base – animale comme végétale – des chaînes alimentaires, contre la disparition de laquelle on s’insurge peu (parce que le plus souvent on n’en a pas conscience) mais qui est tout aussi importante. Les trois-quarts de l’alimentation mondiale sont le produit de 12 céréales et de 5 espèces animales, un cruel manque de diversité que le changement climatique pourrait transformer en crise alimentaire.

Un nombre incroyable d’articles est consacré aux disparitions animales. WWF affirme qu’en 40 ans, la Terre a perdu la moitié de sa faune sauvage. En effet, la disparition de la faune sauvage a un côté spectaculaire mais n’oublions pas que le lion mange la gazelle et que la gazelle mange de l’herbe. Prenons le problème à la racine, histoire de filer la métaphore.

Déjà en 2010, la FAO demandait que « des efforts extraordinaires soient déployés non seulement pour préserver la biodiversité (mise en danger par l’activité humaine et les changements climatiques) mais aussi pour l’utiliser, plus particulièrement dans les pays en développement ». Elle affirmait également qu’entre 1900 et 2000, 75% de la diversité des cultures avait été perdue.

L’agrobiodiversité : faire du bien à la planète et se faire du bien

Le groupe de recherche Biodiversity International a récemment publié un rapport qui a la grande qualité de faire la lumière sur les espèces qui ne sont pas des stars de l’extinction de masse : les plantes. On peut en convenir : plus difficile de pleurer pour du blé que pour un petit pangolin, mais la différence est que le blé se situe bien en amont de la chaine alimentaire. Le rapport en question est intitulé Mainstreaming Agrobiodiversity in Sustainable Food Systems (Intégrer l’agrobiodiversité dans des systèmes alimentaires durables) et montre le risque de concentrer l’alimentation et les cultures mondiales autour d’une poignée d’espèces : si elles viennent à disparaître, tout le système alimentaire est remis en cause.

Crédits : WildAid

La solution pour pallier ce danger : l’agrobiodiversité. Autrement dit, se mettre à cultiver des espèces et des variétés plus rares, moins consommées, afin de favoriser à la fois un régime alimentaire équilibré et une biodiversité qui resterait biodiverse. « Cette publication nous rappelle le potentiel inexploité de nos régimes alimentaires – les milliers d’aliments qui n’arrivent jamais jusqu’à notre assiette – et en quoi exploiter cette diversité ne fait pas que construire des systèmes alimentaires plus résistants et durables mais aussi une communauté mondiale plus forte et florissante », témoigne Simran Sethi, l’auteur de Pain, vin, chocolat : la perte lente des aliments que nous aimons.

Ann Tutwiler, la directrice générale de Biodiversity International explique dans un entretien accordé au Guardian :

« La biodiversité alimentaire est pleine de super-aliments mais peut-être que le plus important, c’est que ces aliments soient aussi disponibles et adaptables aux méthodes et conditions de culture locales. »

Agrobiodiversité vs. sixième extinction massive : on doit utiliser tous les outils à notre portée.

Il ne faut évidemment pas arrêter d’alerter et d’œuvrer pour empêcher la disparition des espèces animales menacées, mais il faut aussi que cette préoccupation ne fasse pas écran devant la diminution de la biodiversité végétale, qui en est la base. Le robinet coule, c’est très louable de nettoyer les éclaboussures mais autant couper directement l’eau.

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Timothee Dury

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