Entre le 2 septembre et le 9 octobre se tient une série de procès contre les militants écologistes. Des poursuites « abusives » qui caractérisent la « dérive autoritaire » de l’État, indique Extinction Rebellion.
C’est « un signal grave » selon le mouvement de désobéissance civile, « ces procédures judiciaires s’inscrivent dans une stratégie délibérée d’intimidation : l’État cherche à étouffer toute forme de contestation, à faire taire celles et ceux qui dénoncent l’effondrement climatique. »
Le 10 septembre 2025, 7 personnes ont comparu pour avoir posé un gilet aux couleurs de la Palestine sur la statue de la place de la République à Paris. Procès qui s’est conclu par une relaxe, comme une majorité de ceux intentés aux défenseurs de l’environnement et des droits humains : « on est très peu condamnés », les procès étant « abusifs » nous explique Sébastien, militant d’Extinction Rebellion.
Ces conclusions positives viennent mettre un point final à un enchevêtrement de restrictions de liberté maintenu jusqu’au procès pour les militants accusés : plusieurs mois sous contrôle judiciaire, des interdictions de manifester.
Ciblage des actions de désobéissance civile
Le vendredi 12 septembre débutait le « procès BNP ». 5 activistes sont jugés pour des dégradations, en l’occurrence des stickers avec les inscriptions « Stop Eacop » et « Carnage Total » tagués sur les devantures de certaines agences bancaires ou au sol devant celles-ci, le tout dénonçant le financement des énergies fossiles par la BNP.
Le 8 octobre, un militant d’ATTAC comparaîtra pour avoir, au cours de l’action « Echo Noir », repeint en noir une partie de la façade de la Tour Total.
« Oui, il y a dégradation. On comprend ! Mais nous sommes face à des gens qui sont en train de détruire notre futur en finançant largement les énergies fossiles. Des faits violents et graves. C’est un droit à se défendre » justifie Sébastien auprès de La Relève et La Peste.
« Élargissement du tissu répressif »
Les mouvements écologistes s’inquiètent surtout des moyens judiciaires mis en œuvre pour des faits « extrêmement légers » : reconnaissance faciale, perquisitions et gardes à vue pouvant aller jusqu’à 96 heures.
Symbole de ces méthodes, le 17 septembre se tiendra le procès de 3 personnes poursuivies pour refus de prélèvement ADN après une tentative d’action pendant les Jeux olympiques. Une quatrième sera jugée le 9 octobre pour le même motif.
Les prélèvements ADN ont fait l’objet de nombreuses controverses ces dernières années, notamment lorsqu’ils ont été appliqués à des gilets jaunes ou à des militants syndicalistes ou écologistes. Le fichier ADN étant utilisé au-delà des crimes graves pour lesquels il a été créé.
« Il y a un élargissement du tissu répressif et du seuil de tolérance de la population face à la violence de l’État. C’est le principe d’un État autoritaire, qui va petit à petit augmenter ce seuil d’acceptation dans la population pour limiter sa capacité d’expression » s’inquiète Sébastien.
« Une dérive autoritaire nous met en danger »
Les mouvements écologistes dénoncent le deux poids deux mesures judiciaires, prenant l’exemple de la destruction d’un bâtiment de l’OFB (Office français de la biodiversité) en mars 2023 par des agriculteurs soutenus par la FNSEA et la Coordination rurale.
Une enquête avait été ouverte, mais elle a été classée sans suite en octobre 2024. Le parquet a indiqué que l’auteur n’avait pas pu être identifié.
« On voit bien que les poursuites n’ont rien à voir avec les dégradations. » Si les mêmes moyens avaient été mis en œuvre pour retrouver les suspects « la FNSEA aurait pu être condamnée. La politique répressive est tournée vers des organisations choisies, les organisations écologistes », souligne Sébastien.
« Il y a une volonté du gouvernement et des grands médias de renvoyer les militants écologistes à des activistes gauchistes, à les renvoyer à ce qu’ils sont plutôt que de s’interroger sur leur discours. Ils ne répondent pas sur les questions de fond. Ils essentialisent les mouvements pour les renvoyer à une essence condamnable. Ce qui légitime les violences et la répression policière sans jamais parler du sujet », poursuit-il.
Partout dans le monde, la répression des militants écologistes s’intensifie. Selon l’ONG Global Witness, qui lutte contre le pillage des ressources naturelles, les défenseurs de l’environnement ont 3,5 fois plus de chances d’être assassinés que les militants des droits humains. Entre 2012 et 2022, 1 910 d’entre eux ont été tués pour leurs prises de position.
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