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Une répression policière inouïe face à des pompiers désemparés

« C’est une décadence humaine cette manifestation. L’armée qui tire sur l’armée… Un ami était en face de moi durant la manif et m’a dit les ordres qu’ils ont reçu : « Frappez fort pour leur faire passer l’envie de recommencer. » a ainsi témoigné un pompier à La Relève et La Peste

Les images ont des allures funestes. Mardi 15 octobre, des milliers de pompiers et personnels soignants ont défilé dans les rues de Paris pour dénoncer la dégradation dramatique de leurs conditions de travail. La répression policière dont ils ont été victimes vient ajouter cette journée à la liste des manifestations violemment réprimées en France.

Des pompiers surchargés

Réunis mardi 15 octobre, pompiers et personnels soignants ont marché dans Paris pour exprimer leurs revendications : manque d’effectifs et de reconnaissance de leur profession, cesser la surcharge de travail des pompiers qui doivent pallier au manque d’effectifs des urgentistes, revaloriser la prime de feu qui n’a pas changée depuis 1991 (28 % du salaire de base, contre 19 % actuellement) à la même hauteur que les primes de risque accordées aux policiers et gendarmes, et mettre en place des solutions pour mieux les protéger des agressions dont ils sont victimes lors des interventions.

En France, les derniers chiffres disponibles recensent 248 000 sapeurs-pompiers : 40 500 sapeurs-pompiers professionnels (16 %), 195 000 sapeurs-pompiers volontaires (79 %) et 12 500 militaires. En 2017, ils ont effectué plus de 4,6 millions d’interventions en France. Les 8500 Pompiers de Paris, à eux seuls, ont effectué 522 846 interventions en 2018, soit 28 600 vies sauvées.

« On a vraiment l’impression d’être là pour combler les déficits des autres services publics. On fait une intervention où, avant, on pouvait avoir le concours de la police rapidement, maintenant ce n’est plus le cas. Le Samu nous envoie sur des interventions qui ne sont plus de notre cœur de métier, parce que les ambulances privées ne veulent plus se déplacer dans certains quartiers, SOS Médecins non plus. », a déploré Peter Gurruchaga, pompier professionnel à Garges-lès-Gonesse et secrétaire général CGT du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) du Val-d’Oise, à FranceInfo

La manifestation du 15 octobre est la continuité d’un mouvement de grève des sapeurs-pompiers entamé fin juin. Tout comme le personnel hospitalier, la grève est simplement signalée par des banderoles, des brassards ou des messages sur les camions des pompiers qui continuent d’assurer leurs missions sur le terrain. Durant la manifestation, une délégation intersyndicale s’est rendue au Ministère de l’Intérieur, ce dernier n’a pas répondu aux attentes des pompiers.

Policiers contre pompiers

« Profondément déçus » par le désintérêt du gouvernement, des pompiers ont tenté de bloquer le périphérique parisien en signe de protestation. Les forces de l’ordre ont alors répliqué à coups de gaz lacrymogène et de canons à eau. Sur Twitter, la photo du journaliste Yann Levy a été relayée comme symbole de la violence de la réponse.

C’est ainsi une scène particulièrement inquiétante qui a eu lieu hier à Paris, celle où deux corps de l’armée s’affrontent dans la rue. Dans une vidéo, un jeune pompier ayant reçu une balle à bout portant, probablement d’un flashball, témoigne de son incrédulité et sa révolte face aux gestes des CRS, « des amis et des frères », car les CRS n’ont fait qu’appliquer les consignes qui leur ont été données.

« C’est une décadence humaine cette manifestation. L’armée qui tire sur l’armée… Un ami était en face de moi durant la manif et m’a dit les ordres qu’ils ont reçu : « Frappez fort pour leur faire passer l’envie de recommencer. » a ainsi témoigné un pompier à La Relève et La Peste 

Interrogés, d’autres pompiers ont ainsi expliqué de ne pas avoir le droit de se prononcer sur la violence subie car ils font partie de l’armée. En fin de manifestation, des pompiers ont mis les mains sur la tête après l’utilisation du canon à eau et des gaz lacrymogènes pour marquer l’absurdité de la situation. De son côté, la Préfecture de Police a indiqué avoir compté 3 blessés dans ses rangs et effectué 6 interpellations « pour violences et jets de projectiles ».

Amnesty International dénonce cette tendance systématique à la violence de la part du gouvernement français qui met en danger le droit de manifester en France en utilisant des « stratégies de maintien de l’ordre fondées sur un usage excessif de la force, et des pratiques illégales au regard du droit international. » 

Professeurs, Retraités, Urgentistes, Militants Climat, Gilets jaunes, Jeunes, Cheminots, Sans-papiers, Antifas, manifestants du 1er Mai, Pro-PMA, Agriculteurs, et maintenant Pompiers. L’ensemble de la société civile a été victime des violences du gouvernement ces derniers mois.

Photo à la une : Mathias Zwick / Hans Lucas

Laurie Debove

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