Déjà presque décimée il y a quelques mois, la meute du Mont Tendre en Suisse est de nouveau en sursis. L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a autorisé les tirs préventifs sur des loups, entre le 2 septembre et le 31 janvier 2026 : rendant possible l’abattage de la totalité de la meute du Mont Tendre. Une décision fortement contestée par les défenseurs d’une coexistence entre l’élevage et les loups qui dénoncent une décision ignorant les connaissances scientifiques.
Des loups en sursis
En janvier 2025, Defend The Wolf, une association suisse de protection du loup, alertait sur l’abattage imminent du dernier loup de la meute du Mont Tendre, dans le Jura Vaudois, à la suite de l’abattage de 6 individus. Mais la meute n’aurait pas été complètement détruite selon Eric Jaquet, président de l’association Avenir Loup Lynx Jura (ALLJ).
« Le Canton de Vaud se trompe à chaque fois quand ils tirent, affirme-t-il à La Relève et La Peste. Ils ont bien tué 5 ou 6 loups, mais pas tous ceux de la meute du Mont Tendre : 3 des loups tués étaient de passage, dont le mâle dominant de la meute voisine. Les loups du Mont Tendre se sont reproduits, et il y a aujourd’hui à nouveau 7 individus. C’est donc reparti pour un tour : maintenant, le Canton veut de nouveau tirer la meute entière ! »
Ces loups seraient « responsables de plus d’une vingtaine de prédations depuis le 1er juin 2025 » selon l’État de Vaud, qui a annoncé avoir abattu une louve le 1er août. Une « régulation proactive de la meute » déclare le Canton qui souhaite « exploiter toutes les possibilités offertes par la législation fédérale pour la régulation du loup en 2025. »
Des tirs inefficaces pour limiter la prédation
Pour les défenseurs du canidé, ces tirs sont inefficaces pour réduire les prédations sur le long terme.
« Les mesures prévues ne reposent pas sur des bases scientifiques, mais uniquement sur une pression politique sans précédent de l’UDC [l’Union démocratique du centre – parti suisse conservateur], du lobby des agriculteurs et des bergers amateurs » estime Avenir Loup Lynx Jura.
« On tire des loups à grande échelle sans comprendre ce qu’on fait, regrettait Jean-Marc Landry pour La Relève et La Peste en janvier 2025, prenant notamment l’exemple de précédents tirs sur la meute du Mont Tendre.
Dans le Jura vaudois, deux loups étaient en train de s’installer, expliquait-il. Ils ont fait une ou deux « conneries », mais d’une manière générale, ça allait… Pour des raisons politiques, le mâle a été tiré. La femelle s’est retrouvée toute seule sur le territoire et ne pouvait pas le défendre. La saison qui a suivi, la meute voisine est venue chasser sur son territoire : ils ont fait beaucoup de dommages sur les troupeaux de bovins. […] En tirant un loup, ils ont amené le chaos sur le terrain. »
« On est contre ces tirs, parce que scientifiquement, on sait très bien que ça ne sert à rien, confirme Eric Jaquet. Les loups se régulent d’eux-mêmes. Au contraire les tirs déstructurent les meutes et de nouveaux loups s’installent quand des individus sont tués. La preuve : ils ont tiré 120 loups sur les 300 présents en Suisse l’année dernière et la situation est presque pire.»
Une « politique d’extermination » ?
En 2022, la Suisse avait présenté une proposition devant la Convention de Berne visant à abaisser le statut de protection du loup. Rejetée à l’époque, cette demande a ensuite été formulée par l’Union européenne et adoptée en 2024.
Pourtant, « le loup reste une espèce protégée en Suisse » rappelle Eric Jaquet qui dénonce une violation des engagements internationaux pris par la Suisse.
« Cette mesure marque une escalade dramatique dans le traitement d’une espèce strictement protégée déplore Avenir Loup Lynx Jura. Au lieu de promouvoir des solutions différenciées et efficaces pour la protection du bétail, la voie des quotas de chasse maximaux est privilégiée.
Il s’agit d’une politique symbolique qui entraînera une nouvelle éradication d’une espèce clé protégée. »
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