Sans entraîneur, sponsor ni chaussures dernier cri, Candelaria Rivas Ramos a franchi la ligne d’arrivée de l’Ultra Maratón de los Cañones 2025 la première. Son seul équipement : un bâton, une jupe traditionnelle colorée et des simples sandales, avec lequel elle a remporté cette course féminine de 63 km et 2770 m de dénivelé positif, en 7h34. Un magnifique exemple de robustesse.
Candelaria Rivas Ramos, une femme de 30 ans du peuple des Rarámuri au Mexique, a bravé la pluie et le froid pour remporter l’Ultra Marathon de los Canones (63 km) en 7 heures et 30 minutes devant plus de 300 concurrents aguerris. Sans expérience, avec une allure moyenne de 8,3 km/h sur les sentiers escarpés des Barrancas del Cobre, soit près de 2 800 mètres de dénivelé, elle a brillamment montré que la tradition peut l’emporter sur les outils technologiques.
Encore plus spectaculaire, elle a d’abord marché près de 14 heures à travers les montagnes pour rejoindre le départ. Elle a dormi dans une grotte à mi-chemin. Sans soutien ni équipement moderne, Candelaria a couru avec ses sandales traditionnelles (huaraches), sa jupe longue colorée et un simple bâton de bois.
Candelaria vient du peuple des Rarámuri, connus sous le nom de Tarahumaras (« ceux qui courent avec le vent » en langue locale). Ces autochtones de la Sierra Madre sont réputés pour leur capacité à courir des centaines de kilomètres dans les montagnes. Leur culture est intimement liée à la course à pied, pratiquée depuis des générations comme acte spirituel et mode de vie.
Au-delà d’utiliser la course pour se déplacer ou leurs travaux agricoles, les Tarahumaras organisent par exemple des courses communautaires. Appelées rarajiparis, elles opposent deux villages, sur de très longues distances, où les coureurs se passent un petit ballon en bois tout en courant. Ces épreuves peuvent durer deux jours d’affilée et sont accompagnées de chants, danses et cérémonies.
Vivant en altitude où l’effort est naturellement plus exigeant, les Tarahumaras peuvent courir des distances impressionnantes — jusqu’à 300 km — sur des terrains accidentés, souvent sans s’arrêter, et dans leurs sandales minimalistes traditionnelles appelées huaraches.
Huaraches, les sandales traditionnelles en cuir tressé des Tarahumaras
Ils sont devenus des légendes vivantes par leur capacité d’endurance, leur foulée et leurs nerfs à toute épreuve. Ils ont été popularisés en Occident par le livre Born to Run de Christopher McDougall, qui décrit sa rencontre avec le peuple Rarámuri, à travers une question : pourquoi avons-nous perdu notre capacité naturelle à courir longtemps et librement ?
La course remportée par Candelaria a d’ailleurs été créée en 2003 par l’Américain Micah True, alias Caballo Blanco, pour soutenir les Tarahumaras en promouvant leur culture, générant des revenus locaux, et valorisant leur mode de vie ancestral. Le traileur a vécu plusieurs années avec eux.
Les Tarahumaras participent parfois à des courses modernes, souvent en sandales et tenues traditionnelles, comme Candelaria l’a fait. Leur alimentation est locale, sans gel énergétique ni boisson isotonique. Ils mangent peu et équilibré (maïs, haricots, courges, parfois du pinole – boisson à base de maïs grillé).
S’ils refusent la plupart du temps une trop grande médiatisation, les Tarahumaras nous rappellent que l’endurance la plus pure provient des modes de vie. Pour eux, l’essence de la course, c’est le lien au territoire, à la nature et à soi-même.
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