Un récent rapport de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) livre l’analyse de 10 dispositifs de réemploi d’emballages ménagers en verre. Certains ont été mis en place par des producteurs, comme la bière alsacienne Météor ou Coat Albret en Bretagne, d’autres sont l’initiative d’associations ou d’entreprises telles que Jean Bouteille ou Bout à Bout.
L’ensemble des étapes du cycle de vie d’une bouteille (fabrication, conditionnement, transport, lavage, collecte) a été pris en compte durant cette étude. Les dispositifs de consigne ont ensuite été comparés au système actuellement majoritaire en France, l’emploi de bouteilles en verre à usage unique.
Conclusion : la réutilisation des bouteilles est plus avantageuse que l’utilisation de bouteilles en verre à usage unique.

Assentiment des consommateurs
Tout d’abord, le rapport montre que les consommateurs sont favorables à la consigne. Une enquête réalisée auprès des clients des commerces révèle que 88 % d’entre eux estiment qu’il est utile d’en disposer dans leur magasin. La plupart se disent sensibles à l’impact positif sur l’environnement que cela implique. Pour 56 %, il constitue même une raison d’achat.
Impact environnemental
L’intérêt environnemental de réutiliser les bouteilles est formellement établi par le rapport. Pour tous les dispositifs étudiés, et concernant tous les indicateurs environnementaux (l’impact climatique, la consommation d’énergie primaire, la consommation en eau…) la consigne présente une performance environnementale supérieure.
Le fort impact environnemental de la fabrication d’une bouteille en constitue la principale explication : “l’étape de fabrication de l’emballage primaire est la phase la plus contributrice au bilan environnemental des organisations. Les impacts proviennent très majoritairement de la production du verre” souligne le rapport.
Bilan économique
Le réemploi du verre n’est pas seulement moins polluant, il est également plus pertinent économiquement. Les coûts de gestion se révèlent moins importants que dans un système de bouteilles à usage unique. Ils varient en fonction du taux de retour des bouteilles : plus les consommateurs ramènent les bouteilles consignées, plus l’entreprise réalise d’économies.

Pour certaines, la consigne coûte ainsi deux fois moins cher que si elles utilisaient des bouteilles à usage unique. Le système consigné de la bière alsacienne Météor, par exemple, coûte 256€ au total, là où son équivalent en bouteille à usage unique coûterait 517 €.
In fine, les économies bénéficient au consommateur, car le prix des produits se trouve moins élevé, et au contribuable, notamment via les coûts de gestion des déchets.
Développer une pratique oubliée
Enfin, l’étude adresse plusieurs recommandations aux producteurs, aux opérateurs et aux pouvoirs publics. La nécessité de standardiser les emballages réemployables et d’impliquer les supermarchés dans la collecte des emballages consignés, par exemple en obligeant ceux-ci à accepter de reprendre les emballages réemployables consignés par les distributeurs, en fait partie. Elle enjoint aussi les pouvoirs publics à accompagner, financer et communiquer autour du réemploi des emballages.
Par une analyse fine de chaque dispositif de consigne, l’étude a ainsi identifié les freins techniques, économiques et organisationnels auxquels se heurtent les initiatives actuelles de réemploi des emballages. Ses recommandations devraient permettre de développer cette pratique presque oubliée à cause de l’irruption des emballages à usage unique, qui ne doit clairement pas être considéré comme une fatalité.