Publié en 2016 par l’association Solagro, le scénario Afterres 2050 concluait qu’une agriculture 50 % biologique pourrait nourrir 72 millions de Français en 2050. Les émissions de gaz à effet de serre, l’utilisation d’eau en été ainsi que la consommation d’énergie s’en trouveraient divisées par deux, celle des pesticides divisée par trois. Et ce sans avoir à augmenter la quantité de terres arables.
Deux conditions à ce scénario : une réduction du gaspillage ainsi qu’un régime alimentaire moins carnivore. SelonPhilippe Pointereau, l’un des coauteurs :
« Nous consommons deux tiers de protéines animales pour un tiers de protéines végétales. Il faudrait faire l’inverse et diviser par deux notre consommation de produits animaux ».
Nourrir la planète
Alors qu’en France le bio représente 6 % de la surface agricole utile, il ne représente qu’1 % à l’échelle mondiale. Pourtant, une étude publiée par des chercheurs européens dans la revue Nature Communications affirme qu’il serait possible de nourrir plus de 9 milliards d’êtres humains en 2050 avec 100 % d’agriculture biologique.

Les conditions sont similaires : ceci implique de réduire le gaspillage alimentaire et de limiter la consommation de produits d’origine animale. En plus des bénéfices pour la santé, ce modèle serait aussi plus respectueux de l’environnement.
Impact environnemental
Pour cette étude, les chercheurs se sont basés sur les données de la FAO afin de modéliser les surfaces agricoles qui seraient nécessaires pour obtenir le même nombre de calories (2 700 par jour et par personne) en 2050. Ils ont également tenu compte de plusieurs niveaux d’impact du changement climatique sur les rendements.
Selon eux, convertir la totalité de l’agriculture au biologique nécessiterait la mise en culture de 16 % à 33 % de terres en plus dans le monde en 2050 par rapport à la moyenne de 2005-2009. C’est plus que dans le cas où l’on resterait dans un modèle d’agriculture conventionnelle — qui nécessiterait 6 % de terres en plus — car les rendements du bio sont plus faibles.
Cependant, avec une moindre pollution due aux pesticides et aux engrais de synthèse ainsi qu’une demande en énergies fossiles plus faible, l’option 100 % bio réduirait l’impact environnemental.
Réduire le gaspillage et les protéines animales
Actuellement responsable de la perte de 30 % des aliments, le gaspillage devra être limité. PourChristian Schader, l’un des coauteurs, « un des enjeux cruciaux est aujourd’hui de trouver des solutions pour basculer dans un système alimentaire durable, sans produits chimiques dangereux pour la santé et l’environnement. Or cette transformation inclut une réflexion sur nos habitudes alimentaires et pas seulement sur les modes de production ou sur les rendements. »

Il faudra aussi remédier à la concurrence entre la production de nourriture pour les humains et celle pour le bétail : un tiers des terres cultivables de la planète sont utilisées pour nourrir les animaux d’élevage. Le soja, le maïs, le blé, etc., pourraient aller à l’alimentation humaine.
« Nous ne promouvons pas le bio ou tel régime alimentaire, conclut Christian Schader. Nous montrons à travers 162 scénarios ce qui est possible et à quelles conditions. La direction à prendre est ensuite un choix politique et de société. »