Pesticide et perturbateur endocrinien, le « chlordècone » a longtemps été considéré comme indispensable à la culture des bananes aux Antilles. Aujourd’hui, il est au cœur d’un scandale sanitaire.
Scandale sanitaire
Présent en Martinique et en Guadeloupe, le chlordécone est un insecticide cancérogène qui a été utilisé pendant plus de vingt ans dans les bananeraies. Ultra toxique, ce perturbateur endocrinien s’est rependu au fil des années, contaminant sols, rivières, bétails et aujourd’hui la population elle-même.
À ce jour, la quasi-totalité de la Guadeloupe et de la Martinique semble touchée, soit 92 % des 800 000 habitants. Cancer de la prostate, cas de puberté précoce, prématurité lors des grossesses, autant de symptômes fréquemment constatés et attribués à ce pesticide.

Face aux nombreux cas répertoriés dans la région, les députés martiniquais ont interpellé l’Assemblée Nationale fin janvier afin de la pousser à agir.
Le chlordécone, qu’est-ce que c’est ?
Classé comme « pesticide ultra toxique », celui-ci a été utilisé massivement entre 1972 et 1993 afin de lutter contre le « charançon de la banane », un insecte qui détruit les cultures. Reconnu comme neurotoxique par la suite, l’Organisation Mondiale de la Santé le classe au rang de « cancérogène possible » en 1979.
Il se trouve interdit en France en 1990, mais le ministère de l’agriculture de l’époque trouve des dérogations afin de l’utiliser jusqu’en 1993.


C’est à partir des années 2000 que l’on découvre que le chlordécone a contaminé les sols ainsi que toutes la chaîne alimentaire, mettant en danger les populations.
Des troubles de la motricité, de l’humeur, de l’élocution et de la mémoire immédiate ont été relevés sur les ouvriers de l’usine de Hopewell, en Virginie, qui fabriquaient le pesticide. Les études menées jusqu’ici révèlent que le chlordécone augmente les risques de prématurés mais également les effets négatifs sur le développement cognitif et moteur des nourrissons.
Malheureusement, l’État a pris du temps pour prendre en considération la gravité du problème. Un plan national d’action a été instauré en 2008, suivi par un deuxième. Aujourd’hui, un plan est en cours jusqu’en 2020 mais les actions ne semblent pas suffire.