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Un million d’arbres abattus pour produire les gobelets Starbucks

« 99 % de notre café provient de sources éthiques » clame l’entreprise. Un résultat impressionnant… Mais ces sources sont accréditées par Conservation International, une organisation américaine qui a créé un label sur-mesure pour Starbucks. Autrement dit « Starbucks crée son propre label, qu’il contrôle lui-même. » explique Bryant Simon, professeur à Temple University.

C’est une multinationale qui possède aujourd’hui près de 28 000 enseignes dans plus de 75 pays, en n’ayant recours à presque aucune campagne publicitaire. Les meilleurs ambassadeurs de Starbucks sont les consommateurs. Affichant le logo-sirène sur leurs gobelets, la plupart sont convaincus d’adhérer à une marque qui s’engage pour ses employés, ses clients et ses producteurs de café.

Le documentaire « Starbucks sans filtre » (signé Luc Hermann et Gilles Bovon, diffusé le 28 août sur Arte) vient égratigner l’image que la marque avait réussi à entretenir.

« Le meilleur café au monde »

« Notre métier ce n’est pas la restauration rapide. Nous voulons améliorer la vie des gens en proposant le meilleur café au monde. »

Ce sont les mots d’Howard Shultz, qui en rachetant la petite enseigne en 1987, l’a métamorphosée en gigantesque multinationale.

Crédit Photo : Takahiro Sakamoto

En réalité, les boissons vendues aujourd’hui sont des produits standardisés, qui se rapprochent dangereusement de la nourriture des fast food. « 35% d’entre elles contiennent autant voire plus de sucre qu’une canette de Coca », révèle Kawther Hashem, nutritioniste de l’association Action on Sugar. Une boisson Starbucks peut contenir à elle seule 99g de sucre.

Les « partenaires »

De plus, la firme présente ses employés comme des baristas, des experts du café qui préparent les boissons avec un soin méticuleux. En pratique, ce sont des « presseurs de boutons » : la machine fait le travail du barista. « Tu peux pas être experte dans un truc où c’est du fast food » témoigne une employée.

Ces « partenaires », comme les appelle Starbucks touchent d’ailleurs le salaire minimum pour un travail éprouvant, alors que l’entreprise a enregistré un bénéfice net de 2,88 milliards de dollars en 2017.

« Aucun bénéfice »

15 millions de cafés distribués par jour, des boutiques à tous les coins de rue et des promotions accordées régulièrement à ses dirigeants. Cependant, dans plusieurs pays, l’entreprise clame qu’elle ne fait « aucun bénéfice ». Comme en France, où depuis son implantation il y a 14 ans, elle n’a payé aucun impôt sur les bénéfices. La firme française affiche pourtant un chiffre d’affaire de près de 100 millions d’euros… Une telle invraisemblance est possible grâce à un tour de passe-passe : l’argent gagné dans les différents pays part directement aux Pays-Bas, où la marque a négocié un avantage fiscal.

Crédit Photo : Nadine Shaabana

« Notre café provient de sources éthiques »

« 99 % de notre café provient de sources éthiques » clame l’entreprise. Un résultat impressionnant… Mais ces sources sont accréditées par Conservation International, une organisation américaine qui a créé un label sur-mesure pour Starbucks. Autrement dit « Starbucks crée son propre label, qu’il contrôle lui-même. » explique Bryant Simon, professeur à Temple University.

Le café n’est pas réellement issu du commerce équitable. En pratique, pour acheter le café en grosse quantité, le géant américain impose aux petits producteurs un intermédiaire qui fixe les prix et dicte ses conditions. Une entorse à l’esprit du commerce équitable. « Mais ce n’est pas l’histoire que raconte Starbucks. » conclut Bryant Simon.

Crédit Photo : Saveliy Bobov

« Nous travaillons pour respecter la planète »

Enfin, le plus gros mensonge est sûrement la réputation « écolo » dont jouit Starbucks. Les actions pour la planète qui sont mises en avant cachent un problème majeur : les gobelets distribués ne sont pas recyclables. Ils sont en papier, mais leur surface intérieure est recouverte d’une fine couche de plastique qui les rend impossible à recycler.

« Plus d’un million d’arbres sont coupés chaque année pour produire ces gobelets qui partent à la poubelle. Ça en fait plus de 8 000 chaque minute », dénonce Todd Paglia, de l’ONG Stand.earth. Sans parler des gobelets entièrement en plastique.

Starbucks ne cesse de s’étendre – écrasant au passage toute concurrence – comme en Chine où une nouvelle boutique ouvre toutes les 15 heures. Plutôt qu’une chaîne de café tendance et responsable, c’est aujourd’hui une gigantesque multinationale qui envoie chaque année 4 milliards de gobelets non recyclables à la poubelle.

Marine Wolf

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