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Un énième rapport contraint les pays du monde à collaborer pour ne pas sombrer

Chaque année, le Forum économique mondial publie une étude prospective sur les risques mondiaux majeurs de l’année à venir.

En 2019, la quatorzième édition dépeint le tableau d’un monde hors de contrôle, nécessitant un changement radical de système. Pour la troisième année consécutive, les risques les plus forts que l’humanité va affronter sont ceux liés à l’environnement.

Le système global doit être changé

Le monde qui s’accélère échappe à l’homme qui a lancé sa mécanique. Voilà comment l’on pourrait traduire l’emballement des différents défis listés dans le « Rapport 2019 sur les risques dans le monde » du Forum économique mondial : perturbations géopolitiques et géo-économiques, élévation du niveau de la mer, menaces biologiques émergentes, et pression émotionnelle et psychologique croissante que subissent de nombreuses personnes.

« Nous publions l’édition 2019 du Global Risks Report du Forum économique mondial à un moment important. Le monde est confronté à un nombre croissant de défis complexes et interdépendants, allant du ralentissement de la croissance mondiale aux inégalités économiques persistantes, en passant par le changement climatique, les tensions géopolitiques et le rythme accéléré de la quatrième révolution industrielle. Pris isolément, ces défis sont décourageants. L’humanité va avoir du mal à les affronter simultanément si nous ne travaillons pas ensemble. Il n’a jamais été plus urgent d’adopter une approche collaborative et multipartite face à des problèmes mondiaux communs. » Børge Brende, President – World Economic Forum

Les vulnérabilités économiques vont de pair avec le repli populiste que l’on observe dans certaines régions du monde. Ce repli se traduit aussi bien par la dangereuse montée en puissance de dirigeants comme Jair Bolsonaro au Brésil et Donald Trump, que le compréhensible rejet du peuple de l’oligarchie dominante, comme c’est le cas actuellement en France. En effet, le « Rapport 2019 sur les risques dans le monde » pointe ainsi que si l’inégalité mondiale a diminué au cours du millénaire, l’inégalité à l’intérieur des pays n’a jamais cessé de s’accroître. Il cite ainsi une étude établissant l’écart grandissant entre la richesse détenue par le privé et celle détenue par le publique.

« Depuis 1980, de très importants transferts de richesse publique vers le privé ont eu lieu dans presque tous les pays, qu’ils soient riches ou émergents. Alors que la richesse nationale a considérablement augmenté, la richesse publique est maintenant négative ou proche de zéro dans les pays riches. »

Richesse nette privée et publique 1970–2015 (% du revenu national),
Source : Base de données mondiale sur les inégalités

Dans un panel sur la lutte contre les inégalités, l’écrivain néerlandais Rutger Bregman, auteur d’Utopies réalistes, poussait ainsi un « coup de gueule » contre l’hypocrisie des philanthropes voulant récolter de l’argent pour des programmes de développement, sans accepter eux-mêmes de payer des impôts à la hauteur de leurs moyens pour faciliter une meilleure redistribution des richesses. En France, 10 % des Français les plus riches détiennent plus de la moitié des richesses du pays.

Aurait-il été entendu ? Dans un article publié sur le site du Forum Economique Mondial à la fin du forum de Davos 2019, son président Klaus Schwab plaide pour une « mondialisation 4.0 » dans laquelle il exprime la nécessité de taxer les plus riches. « Face à la montée des inégalités et aux industries axées sur le principe du « gagnant qui rafle la mise », il sera presque certainement nécessaire d’augmenter les impôts sur la fortune et de réduire ceux sur le travail. » Mais si l’humain peut stopper l’aggravement des inégalités économiques grâce à une volonté politique forte, il lui faudra encore plus de courage pour affronter les risques environnementaux du XXIème siècle.

Sans un système écologique équilibré, aucun autre ne pourra fonctionner

Le « Rapport 2019 sur les risques dans le monde » compare l’humanité à un somnambule qui ne se réveille pas alors qu’il marche droit vers le danger. Et de tous les risques, « c’est par rapport à l’environnement que le monde est le plus clairement somnambule dans la catastrophe. » Les risques liés à l’environnement représentent trois des cinq principaux risques selon la probabilité, et quatre selon leur impact. Les phénomènes météorologiques extrêmes se retrouvent seuls dans le quadrant supérieur droit (à forte probabilité et à fort impact) du Global Risks Landscape 2019.

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2018 a d’ailleurs été une année marquée par de très nombreuses tempêtes, incendies, et inondations. Alors que le GIEC a lancé un dernier avertissement pour mettre en œuvre les changements radicaux et nécessaires pour limiter l’objectif de 1,5°C fixé par l’Accord de Paris, le Forum Economique Mondial a mis en avant certaines des conséquences pressenties :

  • 200 millions de personnes dépendent des écosystèmes de mangroves côtières pour protéger leurs moyens d’existence et leur sécurité alimentaire contre les déferlements de tempête et l’élévation du niveau de la mer
  • Une estimation de la valeur économique théorique des « services des écosystèmes bénéfiques » pour les humains, comme l’eau potable, la pollinisation ou la protection contre les inondations, le porte à 125 000 milliards $ US par an, soit environ deux tiers du PIB mondial
  • En 2017, les catastrophes liées au climat ont provoqué une insécurité alimentaire aiguë pour environ 39 millions de personnes dans 23 pays.
  • L’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère affecte la composition nutritionnelle des aliments de base comme le riz et le blé. Les recherches suggèrent que d’ici 2050, cela pourrait entraîner des carences en zinc pour 175 millions de personnes, des carences en protéines pour 122 millions et des pertes en fer alimentaire pour 1 milliard.

Et si l’on parle beaucoup de l’impact du plastique dans les océans, il est un fait moins connu que le rapport met en avant. Les pays importateurs de déchets plastiques qui s’en occupaient en échange de rémunération de la part des pays pollueurs sont de plus en plus nombreux à fermer leurs portes. La Chine a ainsi interdit l’importation de déchets étrangers, dont près de 9 millions de tonnes de déchets plastiques, afin de réduire la pollution et la pression sur ses systèmes environnementaux nationaux. La Thaïlande, la Malaisie et le Vietnam ont eux aussi imposé des restrictions sur la quantité importée de déchets plastiques. Le zero waste deviendrait alors un enjeu crucial pour les pays producteurs de déchets comme les Etats-Unis.

Instabilité technologique, tensions politiques, et faiblesse de la gouvernance sont d’autres risques détaillés dans le rapport du Forum Economique Mondial. Avec ces défis, l’humanité parviendra-t-elle à créer une nouvelle société et économie respectant et régénérant notre environnement ? Les rédacteurs du rapport urgent les dirigeants à construire une coopération ou une intégration multilatérale pour y répondre.

Laurie Debove

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