Une initiative citoyenne européenne (ICE) intitulée « Sauvons les abeilles et les agriculteurs » a été lancée. Déjà signée par plus de 1 000 000 participants en Union européenne, elle vise à contraindre Bruxelles à éliminer les pesticides de l’agriculture afin de préserver les écosystèmes et la santé des européens, qu’il s’agisse des citoyens ou des agriculteurs. L’initiative prévoit l’élimination de 80% des usages de pesticides d’ici 2030, puis de les éliminer totalement d’ici 2035.
Dans le cadre des ICE, la réunion d’un million de signatures en provenance de sept pays différents de l’Union européenne oblige légalement la Commission européenne à étudier la question et peut ainsi l’amener à rédiger de nouvelles législations.
Le nombre de signataires n’est pas sans importance dans le poids des causes défendues : une autre initiative ayant mobilisé le nombre record d’1,4 millions de personnes a amené la Commission à interdire l’élevage en cage d’ici 2027.
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Cette nouvelle initiative citoyenne regroupe aujourd’hui 140 associations écologistes. Elle a récemment publié une étude qui démontre, comme d’autres avant elle, l’exposition généralisée de la population aux insecticides.
Des prélèvements ont été effectués dans des chambres à coucher en zones rurales, au sein de 21 pays différents de l’union. Tous ont révélé la présence d’au moins un des 30 pesticides visés par l’étude, avec une moyenne de 8 pesticides différents par échantillon.
Cette étude met ainsi en évidence que les pesticides se répandent au gré du vent, à plusieurs kilomètres à la ronde, jusque dans nos maisons.

Les organisateurs de « Sauvons les abeilles et les agriculteurs » rappellent qu’en plus des impacts néfastes sur notre santé et massifs sur notre environnement, l’agriculture industrielle menace la survie des agriculteurs.
Les exploitations agricoles devenant de plus en plus massives se focalisent sur les rendements plutôt que la qualité, et détiennent en parallèle un nombre croissant de terres.
Résultat : une exploitation agricole ferme ses portes toutes les 3 minutes depuis 10 ans.
Les exploitations familiales disparaissent du fait de difficultés financières et les zones rurales perdent emplois, traditions et ainsi des connaissances précieuses de la terre transmises par les fermiers.
Un autre modèle agricole permettrait la préservation de nos ressources naturelles, préviendrait l’érosion des sols et contribuerait à la protection et stabilisation du climat en absorbant plus de gaz à effet de serre qu’il n’en produit.

Si arrêter l’usage des pesticides sur 15 ans est un défi ambitieux, un changement moins rapide n’est pas possible, comme le démontre le rapport de l’IAASTD (International Assessment of Agricultural Knowledge, Science and Technology for Development), initié par les Nations Unies et la Banque Mondiale en 2008.
Ce même rapport démontre que les investissements vers un système d’agriculture plus traditionnel ont des bénéfices de 40 à 50% pour les pays les mettant en œuvre. Ils sont l’une des meilleures méthodes pour réduire la pauvreté, en plus de réduire les impacts du changement climatique et d’améliorer la santé publique.
Ce changement de modèle majeur vers l’agroécologie est cependant à portée de main si les bons soutiens sont mis en place, c’est-à-dire un appui politique de grande ampleur.

Les scientifiques recommandent pour cette transition d’utiliser le moins d’intrants possibles (l’ensemble des produits ajoutés à ceux qui sont naturellement présents dans le sol pour en améliorer le rendement), de promouvoir le développement de méthodes agroécologiques, de remplacer les pesticides de synthèse par des alternatives biologiques, et d’investir dans une meilleure sélection de variétés de plantes résistantes à la chaleur et aux parasites.
Aujourd’hui, l’Union européenne autorise 450 pesticides différents. La Commission européenne s’est engagée en mai 2020 de réduire de 50% l’utilisation des pesticides en 2030 afin que les Etats membres sortent des pesticides à moyen terme.
L’ICE veut appuyer cette décision, afin de répondre aux changements sans précédents, rapides et à grande échelle de notre manière d’occuper la terre et de produire notre alimentation que nécessitent la crise climatique. La sortie des pesticides est le seul moyen qui permettra aux générations futures de se nourrir.
Si le million a été atteint, les organisateurs souhaitent atteindre 1,15 million de signataires afin d’assurer une prise d’action de la part de la Commission européenne. La pétition se clôt le 30 septembre.