Das, Summer et Olivia gambadent joyeusement dans les bois, bien insouciantes de leur nouvelle renommée de « chien-héro ». D’habitude, les médias nous content de touchantes histoires de chiens sauveteurs, bravant les décombres ou les monticules de neige pour retrouver de malheureux disparus. Cette fois-ci, ce trio de canidés part à la rescousse des forêts calcinées.
En janvier, le pays sud-américain a vécu « le pire désastre forestier » de son histoire, selon les mots de sa présidente Michelle Bachelet. En quelques jours, plus de 467 000 hectares sont partis en fumée et 11 personnes ont perdu la vie.
Ne trouvant plus aucun abri ni nourriture, les animaux sauvages n’ont pas eu d’autre choix que de déserter la forêt. Pour venir en aide à cette biodiversité malmenée, une association a fait appel à nos plus fidèles amis à quatre pattes. C’est ainsi que trois chiennes de race « borders collies » se sont mises à semer pour la bonne cause. Leur mission ? Etre des chiens comme les autres. Courir, sauter, jouer… il faut remuer ! Chaque animal s’est vu remettre un précieux bagage, une sorte de sac à dos rempli de graines. Un système de perforation permet qu’elles puissent s’échapper et s’éparpiller au sol. Bondissant de tous les côtés, les petits poucets de la forêt ne cessent de semer. Ainsi, en trois mois, Das, Olivia et Summer ont déjà sillonné quinze bois de la région de El Maule, et écoulent l’équivalent de 10 kg de graines par jour. Belle performance !
Depuis leur passage, l’herbe a déjà commencé à repousser et des arbustes, plantes grimpantes et champignons font leur apparition, encouragés par l’humidité de l’hiver austral. « Nous traversons des prairies qui ont déjà totalement reverdi et c’est en partie grâce au travail de Summer, Olivia et Das », se réjouit Francisca Torres, directrice de l’association environnementale Pewos. Fière de sa petite équipe, elle n’hésite pas à récompenser ses adorables « paniers percés ».
L’œil vif et la truffe au vent, les borders collies se distinguent par leur pelage bicolore, mais surtout par leur intelligence, leur énergie et leur rapidité. Autrement dit, ce qui semble être une tâche ingrate et titanesque pour les humains, ressemble à un jeu d’enfant pour nos amis les chiens. Ravis de vagabonder, ils parcourent dix fois plus de surface que nous le ferions sur deux pieds et se félicitent d’un bien meilleur rendement.
L’urgence concerne également la question de la pollinisation car la plupart des abeilles ont péri dans les flammes. « La situation est très critique parce que les abeilles n’ont rien à manger. Normalement à cette époque, elles se nourrissent de certains arbres autochtones qui ont encore des fleurs, mais en ce moment il n’y a plus rien », s’inquiète Constanza, la sœur de Francisca. Rassurons-nous, grâce à ce « coup de patte », l’association Pewos estime que, d’ici cinq ans, les bois et prairies de la région auront retrouvé leur écosystème originel.
La relève est assurée pour cette forêt aux abois. La magie du vivant prendra bientôt les devants. Une fois que la flore sera restaurée, les animaux rappliqueront. Ce sera alors le signe d’une forêt en voie de rémission.
Crédit Photo : Martin BERNETTI / AFP

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